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  • : Le blog du Mensékhar
  • : Présentation et publication intégrale de mon ouvrage de science-fiction appelé le Mensékhar
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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 14:03

 

         L’hologramme impérial venait de disparaître du centre de la salle. Après avoir éteint sa table de commande, Oued s’était retourné vers les deux Immortels qui étaient venus l’avertir qu’une violente explosion était survenue dans les sous-sols du Toledo.

         - Où l’explosion a t-elle eu lieu ?

         Le soldat le plus baraqué répondit au Commandeur :

         - Dans le secteur quatre.

         Le Commandeur n’avait aucune confiance dans les deux hommes qui s’étaient présentés devant lui. Il n’arrivait pas à savoir ce qui justifiait sa méfiance. Etaient-ce leurs mines patibulaires ? Ou bien leurs propos incroyables ? Le secteur quatre était la zone la plus sensible du Toledo. Elle était bien trop surveillée pour permettre à des terroristes d’y poser une bombe.

         - Que faisiez-vous dans la zone quatre ?

         C’était toujours le même homme qui répondait aux questions du Commandeur. Il était très calme et très sûr de lui, tandis que son compagnon muet semblait redouter quelque chose. Le second homme, sans aucun doute, était sur le qui vive.

         - Nous y travaillons, fit-il en affectant d’être étonné par la question du Commandeur.

         - Vous allez m’accompagner sur les lieux, décida Oued.

         Les trois hommes quittèrent les quartiers résidentiels du Toledo en colonne, puis empruntèrent un véhicule pour se rendre dans la zone militaire. Cette zone interdite était protégée par un champ électromagnétique invisible en forme de cloche qui était capable de désintégrer la moindre matière qui tenterait de le franchir.

         Seul un barrage de police, éclairé au milieu de la route, indiquait l’emplacement de cette barrière invisible, qui protégeait la base tant au niveau terrestre qu’aérien. Oued n’eut pas besoin de montrer son laissez-passer, les hommes de garde le reconnurent immédiatement lorsque le véhicule s’arrêta devant eux. L’un des soldats le salua :

         - Mes respects, Commandeur Suprême.

         Il ouvrit une porte invisible dans le champ magnétique, de la largeur de la route, afin de laisser passer le véhicule. La base militaire était très étendue et se composait essentiellement d’entrepôts espacés les uns des autres, faiblement éclairés et faisant office d’armureries.

         Oued dirigea son véhicule en direction du centre de la base vers lequel toutes les routes convergeaient. Il s’arrêta devant une tour grise d’une dizaine de mètres. Les armatures métalliques de cet édifice soutenaient un énorme monte-charge dont les portes s’ouvrirent à leur arrivée.

         Oued avança son véhicule sur la plate-forme du monte-charge. Les portes en ferraille se refermèrent et la voiture ainsi que ses occupants commencèrent leur descente. Un haut-parleur annonçait les étapes qu’ils franchissaient :

         - Zone un.

         Le monte-charge continuait à descendre dans les profondeurs de la terre.

         - Zone deux.

         Ces zones enfouies dans le sol étaient ultraconfidentielles. Les armements les plus perfectionnés des Immortels étaient entreposés dans les trois premières, la quatrième, plus particulière, abritait les laboratoires expérimentaux des soldats de l’Empereur.

         - Zone trois.

         Les poutres métalliques grises défilaient devant les yeux des occupants du véhicule. La descente était assez rapide mais le puits semblait être sans fin. Au bout de quelques minutes, le haut-parleur annonça finalement leur arrivée à destination :

         - Zone quatre. 

         La plate forme du monte-charge tamponna sèchement le fond du puits. Les portes en fer s’ouvrirent et le véhicule d’Oued redémarra. Il avança dans un couloir souterrain puis s’arrêta dans un parking. Les occupants descendirent du véhicule. Oued, méfiant, laissa les deux Immortels passer devant lui.

         - Je vous suis, dit-il.

         Ils traversèrent plusieurs laboratoires et finirent leur voyage dans la plus importante des salles d’expérimentation, celle où les militaires essayaient de rivaliser avec les savants dans le domaine des manipulations génétiques. Sans grand succès, tant l’avance des savants dans cette discipline était substantielle.  

L’Immortel qui monopolisait la parole s’exprima le premier en désignant la pièce :

         - C’est ici.

         Le laboratoire était impeccable, il n’y avait pas la moindre trace de destruction occasionnée par une bombe ou par un engin similaire. Oued s’énerva.

         - Je ne vois rien.

         L’Immortel sortit brusquement son laser et le braqua sur le Commandeur.

         - C’est ici que tu vas mourir.

         Il tira. Le rayon bleu toucha Oued à l’épaule gauche et le brûla jusqu’à l’os. Le commandeur se reprochait d’avoir été si facilement entraîné dans un guet-apens. N’ayant rien perdu de ses réflexes, il se cacha derrière une table de travail, avant que le deuxième Immortel, resté en arrière, n’ait eu le temps de lui tirer une salve fatale dans le dos.

         Protégé par la table, Oued dégaina à son tour son laser et visa les deux hommes restés à découvert. Il toucha en pleine tête l’un des deux Immortels, celui qui était le plus timoré et qui n’avait jamais décroché le moindre mot. Le deuxième homme, beaucoup plus rapide, s’abrita du feu qui se déchaînait sur lui en trouvant abri derrière un conteneur.

         Oued essayait de percer avec le laser de son arme le conteneur rempli de produits chimiques. Sous la chaleur du laser, le métal fondit et les produits s’enflammèrent. Oued eut juste le temps de quitter le laboratoire, avant que la caisse n’explose brutalement en soufflant tout l’intérieur de la salle.

         Après l’explosion, le Commandeur poussa la porte brûlée afin de constater l’ampleur du sinistre. Les murs du laboratoire avaient été noircis par les flammes, le mobilier avait été réduit à l’état de cendres. Les corps consumés des deux Immortels, simples squelettes calcinés, étaient méconnaissables.

         Oued estima qu’il n’était pas nécessaire de s’attarder plus longuement dans ces lieux de désolation. Il grimpa dans son véhicule et remonta vers la surface grâce au monte-charge. Les niveaux se succédaient en sens inverse.

         La brûlure à l’épaule gauche faisait terriblement souffrir le Commandeur. Il la soutenait tant bien que mal avec sa main droite pour empêcher un épanchement de sang.

Tandis qu’il regagnait la surface, Oued avait ordonné aux soldats du poste de garde de se rassembler devant l’entrée du monte-charge.

         - Surface, annonça la voix dans les haut-parleurs.

         Les portes de la tour s’ouvrirent, laissant apparaître une dizaine d’Immortels qui attendaient à l’extérieur. Oued avança sa voiture à leur niveau.

         - Que s’est-il passé, Commandeur ? Demanda le capitaine de la troupe.

         - J’ai été victime d’un attentat au niveau quatre. Je vous charge de sécuriser la zone concernée et de mener une enquête afin de retrouver d’éventuels responsables. Je veux savoir qui a commandité cette tentative d’assassinat.

         Le capitaine aperçut la blessure d’Oued à l’épaule.

         - Mais vous êtes blessé... Je vais vous conduire à l’infirmerie.

         - Je n’ai pas le temps, s’énerva Oued. Je dois rencontrer Sa Majesté au plus tôt. Pour le moment, vous avez plus important à faire. Je veux un rapport sur tout ce que vous découvrirez au niveau quatre avant le lever du soleil.

         - A vos ordres, Commandeur.

         Oued ferma la vitre de son véhicule et démarra en direction de la Cité Interdite. Il passa sans mal les différents barrages qu’il avait fait installer à l’entrée de la ville impériale, mais il fut arrêté aux abords du palais de Sa Majesté.

         Quiconque voulait y pénétrer devait justifier de son laissez-passer spécial. Oued tendit sa carte dotée du sceau impérial en cristal translucide. Il fut rapidement identifié par le rayon jaune chargé de scanner ses particularités génétiques afin de les comparer avec l’ADN mémorisé dans le laissez-passer.

         - Oued, Commandeur Suprême des Immortels, confirma un militaire. Nous avons prévenu Sa Majesté de votre arrivée imminente, Commandeur, mais celle-ci ne nous répond pas.

         Le chef des gardes s’inquiéta :

         - Ce n’est pas normal. L’Empereur n’est pas ressorti depuis le départ de la Doyenne de l’Université, il y a une heure de cela.

         - Ouvrez les portes laser, ordonna Oued.

         Les rayons rouges, désactivés par le garde, disparurent dans le mur d’enceinte de la résidence impériale. Oued, suivi de quelques Immortels, se précipita en direction du palais de Sheshonq. L’ascenseur extérieur les emmena jusqu’au sommet de l’édifice.

         Ils firent irruption dans le salon de l’Empereur dès l’ouverture des portes de l’ascenseur. Dans leur précipitation, ils se ruèrent en direction du trône de jade fracassé sur le sol en stéatite jaune et n’aperçurent pas le corps impérial étendu sur le côté, au pied de la table de contrôle.

         - Que s’est-il passé ici ? Marmonna l’un des Immortels. Les deux gardes du corps de Sa Majesté sont morts. Ils ont été tués à bout portant.

         Oued fut pris d’une curieuse sensation. Il craignait le pire. Ce n’est qu’après avoir parcouru le reste de la pièce du regard que ses craintes se confirmèrent. Il fit quelques pas en direction des appareils de commande du salon impérial.

En voyant le Commandeur Suprême s’approcher du corps de l’Empereur étendu près du poste de contrôle, les soldats comprirent à leur tour l’ampleur du problème et la gravité de la situation.

         Les hommes s’attroupaient autour du cadavre.

         - Ecartez-vous ! Rugit Oued.

         Le Commandeur tâta le pouls de l’Empereur.

         - Il est mort.

         Les gardes poussèrent un soupir. L’un d’eux s’écria :

         - Le Maître des protonyx n’est plus. Un Prince va se dresser et nous préserver des monstres à la tête de serpent.

         Les autres poursuivirent d’un ton solennel :

         - Un Prince va nous sauver.

         Oued ne s’inquiétait pas pour la succession au trône. Les humains disposaient de quelques jours avant que les protonyx ne parviennent à récupérer leur pleine liberté. Le peu d’antimatière que ces monstres étaient en mesure de créer pendant un interrègne ne l’était pas en quantité suffisante pour rompre l’équilibre cosmique.

En revanche, l’état de la bague de Sa Majesté laissait perplexe le Commandeur. La pierre sertie du bijou avait complètement fondu, témoignant d’un meurtre froidement programmé en dépit de l’apparence d’une mort naturelle.

         Si l’Empereur n’était pas mort d’une crise cardiaque, qu’est ce qui avait bien pu le tuer ? Et qui avait pu commettre un tel forfait ? Les gardes du corps ne sauraient être mis en cause étant donné que leurs implants cérébraux préservaient Sa Majesté de la moindre malveillance de leur part à son égard.

         Un fait était certain : la paranoïa de l’Empereur ne lui avait pas permis d’échapper à son destin, ainsi qu’à son mystérieux assassin. Soucieux de découvrir la vérité, Oued avait improvisé un début d’enquête en interrogeant les soldats du poste de garde :

         - Si j’ai bien compris ce que vous m’avez dit tout à l’heure, Syris est la dernière personne à avoir vu l’Empereur vivant.

         Le chef des gardes corrigea ses propos :

         - La Doyenne est insoupçonnable. L’Empereur nous a avertis qu’elle allait bientôt arriver au poste de garde alors qu’elle redescendait déjà en ascenseur.

         - Après elle, l’Empereur n’a reçu aucune visite ?

         - Non, aucune jusqu’à votre arrivée.

         Oued donna quelques ordres brefs aux gardes présents dans la pièce :

         - Inutile d’alerter tout le monde pour l’instant. Préparez le nécessaire pour exposer la dépouille impériale dans cette pièce. Je vais avertir sa famille de la triste nouvelle.

         Oued souhaitait réserver la primeur de la nouvelle à Sappho. Il possédait un avantage sur Eden et il se devait de l’utiliser à bon escient. Pour cela, il devait agir au plus vite ; Il ne lui restait plus que quelques heures pour s’emparer du pouvoir au profit de la Princesse et mettre ainsi définitivement le Proèdre échec et mat.

         Le Commandeur quitta le palais et regagna son véhicule personnel. Il traversa les jardins de la Cité Interdite et se gara en face du palais de Sappho. Les jeunes Mignonnes qui le reconnurent lui ouvrirent immédiatement la porte.

         - Je dois rencontrer votre maîtresse, exigea-t-il.

         Les jeunes filles ne l’entendaient pas ainsi.

         - La Princesse ne veut être dérangée sous aucun prétexte.

         Oued qui n’était pas d’humeur à discuter attrapa une jeune fille par le bras et la secoua violemment.

         - Je t’ai dit que je devais parler à ta maîtresse. Où se cache t-elle dans ce maudit palais ?

         La jeune fille maltraitée était terrorisée par cet homme blessé à l’épaule, dégoulinant de sueur, aux vêtements déchirés et couverts de poussière. Elle céda, quitte à subir le courroux de sa maîtresse.

         - La Princesse se repose dans la grotte en compagnie du bel Adonis.

         Oued lui libéra le bras.

         - Où se trouve cette grotte ?

         La jeune fille tendit la main en direction d’une petite porte dérobée sous le grand escalier du hall.

         - Tu longeras le couloir, puis tu emprunteras l’escalier jusqu’à la lumière bleue.

         Le Commandeur suivit les conseils de la Mignonne et s’enfonça dans le puits de lumière. Il fut surpris de découvrir cette étrange caverne dont Sappho lui avait jusqu’à présent caché l’existence.

         Il fut encore plus surpris, après avoir traversé la rivière de saphirs, de découvrir les corps de Sappho et d’Adonis enlacés sur la pelouse d’émeraudes.

Un sentiment de colère mêlé de tristesse l’étreignit. Dans sa rage, il aurait été capable de lacérer de violents coups d’épée l’insolent corps de cet adolescent qui reposait délicatement sur la femme de sa vie.

         Sappho, alertée par les pas du Commandeur sur le sol, ouvrit les yeux.

         - Que fais-tu ici, lui reprocha-t-elle.

         Il s’emporta :

         - Et toi ! Peux-tu m’expliquer ce que tu fais ici avec lui ?

         La Princesse lui fit signe de se taire.

         - Fais un peu moins de bruit, tu vas le réveiller. Tu ne m’avais pas habitué à tant d’autorité. Ma vie privée ne te concerne pas.

         Oued expira une grande bouffée d’air afin de se ressaisir.

         - J’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Je viens d’effectuer une visite au palais de ton frère. Il est mort.

         Sappho se redressa subitement en écartant Adonis sur le côté. Le jeune homme qui dormait paisiblement ne se réveilla pas.

         - Que dis-tu ! L’univers n’a plus d’Empereur.

         - Libre à toi de gouverner. Eden est le dernier obstacle à se dresser sur ta route.

         Sappho remettait rapidement sa robe sur ses épaules.

         - Rends-toi vite chez mon neveu. Ramène-moi sa tête et je t’épouserai.

         - Le meurtre d’un Proèdre est lourd de conséquences

         - Fais en sorte que cela passe pour un tragique accident.

         - Et lui ? Demanda Oued en désignant Adonis.

         Sappho ferma les yeux, son visage respirait le bonheur.

         - Lui c’est l’Amour. Mon amour. Ses câlins sont plus doux que la soie, ses baisers me noient dans les eaux calmes d’un lac.

         Oued fit une moue de désapprobation. Le contrat que Sappho voulait lui faire passer lui déplaisait profondément. Mais il préférait attendre d’avoir épousé la future impératrice de l’univers avant de se débarrasser de son jeune et imprudent rival.

         - Les Immortels vont s’occuper du Proèdre, assura-t-il.

         La Princesse découvrit le trou dans les vêtements du Commandeur.

         - Tes vêtements sont abîmés. Et tu es blessé. Que t’est-il arrivé ?

         - Des Immortels ont essayé de me tuer dans les sous-sols du Toledo. Fait encore plus étrange, la bague de ton frère est formelle, l’Empereur a été assassiné.

         Sappho fronça les sourcils.

         - Qui, mis à part nous, peut bien avoir intérêt à tuer le Maître du Trône ?

         - C’est justement ce qui m’inquiète.

         Oued serra la taille de Sappho avec ses bras. Il regarda Adonis qui dormait toujours paisiblement.

         - Que faisons-nous de lui ?

         - Laissons-le se reposer, proposa Sappho. Je vais te soigner puis nous nous occuperons d’Eden. J’ai hâte d’être impératrice.

 

Chapitre 17                                                            Chapitre 19   

 

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