Le vaisseau fut arraisonné par les troupes impériales avant d’avoir pu pénétrer dans l’atmosphère de Gayanès. Une navette bondée d’Immortels s’en était approché et l’avait violemment abordé dans un choc d’acier froissé. Le capitaine Immortel entré en communication avec l’intrus apparut en trois dimensions dans la sphère holographique de contrôle.
- Au nom de Sa Majesté, Sheshonq, Empereur de tout l’univers, veuillez décliner votre identité ainsi que le numéro de votre laissez-passer.
La paranoïa s’était-elle emparée de l’Empereur ? La planète impériale était mieux protégée qu’une prison de haute sécurité. Le jeune homme aux commandes de l’appareil s’exécuta prudemment.
- Je suis Wacé, le sparapet de la planète Phylis. Mon code d’identification est W236P561.
- Identification correcte. Veuillez ouvrir les sas de votre appareil afin que nous procédions à une petite inspection.
Wacé ne chercha pas à tergiverser et déverrouilla les portes latérales de son vaisseau qui avait été abordées par la navette impériale.
Des Immortels en armure de combat, armés de lasers, se déversèrent dans tout l’appareil et en inspectèrent les moindres recoins. L’officier de surveillance prit un air condescendant en s’adressant à Wacé :
- Je suis enchanté de vous accueillir sur Gayanès en dépit de ces circonstances désagréables, sparapet Wacé. Pourquoi ne vous êtes vous donc pas présenté dès votre approche ? Cela vous aurait évité tous ces désagréments inutiles.
- Mon statut de noble me donne le libre accès à la planète impériale. Je vous ai prévenu de mon arrivée dès mon décollage de Phylis. Cela suffisait amplement.
L’officier, imbu de son pouvoir, était volontairement arrogant.
- Ces dispositions ne sont plus suffisantes désormais. Quiconque désire se poser sur la planète impériale doit se plier à tous les contrôles d’identité en vigueur et les vaisseaux doivent impérativement être fouillés.
Un Immortel pénétra dans le poste de pilotage pour rendre compte de sa mission.
- Les passeports des domestiques sont en règle. Nous n’avons découvert aucune substance illégale à bord.
- Que cherchez-vous précisément ? S’emporta Wacé, indigné d’être traité comme un vulgaire criminel.
- De la pélanine.
Cette fois-ci s’en était trop.
- Croyez-vous sérieusement qu’un sparapet de l’Empire se livrerait à un trafic de drogue ?
Le capitaine jubilait.
- Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons intercepté le sparapet d’Arsamès qui tentait d’introduire dans la Cité Interdite une quantité illégale de pélanine. Il a été immédiatement exécuté en guise d’exemple.
Wacé tremblait. Le Commandeur Oued était vraisemblablement à l’origine de la dictature militaire qui régnait sur Gayanès. Tout ce manège n’était qu’un avant goût du sort qu’il réserverait à l’univers s’il devait un jour monter sur le trône aux côtés de la Princesse Sappho.
La situation était critique. Inquiets de cette montée en puissance de l’armée, les nobles avaient dépêché Wacé sur Gayanès afin qu’il protège le Proèdre des agissements de Sappho tout en neutralisant le Commandeur des Immortels. Cette mission s’annonçait comme la plus difficile qu’il n’ait jamais eu à accomplir.
Décidément il n’était pas aisé de jouer les espions. Tout particulièrement lorsque l’on était dévoré d’ambition comme Wacé et que l’on avait décidé de jouer double jeu. A force de vouloir manger à tous les râteliers, il avait fini par accepter une deuxième mission à accomplir sur Gayanès, dont il ignorait tout pour le moment, si ce n’est qu’elle était vraisemblablement encore plus délicate et plus dangereuse que la première.
Comment allait-il se sortir du guêpier dans lequel il s’était fourré ? Pour le moment, il lui fallait déjà échapper aux soldats de l’Empereur. Compte tenu de la situation qui régnait sur Gayanès, il s’était bien douté que les immortels fouilleraient son navire de fond en comble.
Aussi était-il fier d’avoir eu la présence d’esprit d’avaler les sachets de pélanine que ses amis lui avaient chargé de convoyer sur la planète impériale. Il avait introduit dans son rectum le reste des sachets qu’il n’avait pas pu ingurgiter. C’était la solution la moins risquée. La loi interdisant de porter atteinte au corps d’un noble de l’Empire, il était intouchable. Ses domestiques n’avaient sans doute pas eu la même chance que lui.
- Plus aucun aéronef non officiel n’est autorisé à se poser au coeur de la Cité Interdite, expliqua l’officier. Vous devez atterrir sur le spaciodrome du Toledo. Suivez-nous, nous allons vous guider.
Les Immortels regagnèrent leur navette et se détachèrent du vaisseau de Wacé. Ils pénétrèrent dans l’atmosphère de Gayanès à vive allure, le sparapet devant pousser les propulseurs de sa navette à pleine puissance pour ne pas être semé.
Le Toledo, la forteresse des Immortels, abritait les soldats de l’Empereur et leurs familles. Ces guerriers étaient toujours au nombre de dix millions, ce qui leur avait valu le surnom d’Immortels. Dès que l’un des leurs mourait, il était immédiatement remplacé par une des jeunes recrues entraînées sur la planète Albanus, leur base arrière.
Le Toledo était une véritable mégapole. Sa rigueur militaire propre à une caserne contrastait avec le luxe de ses palais qui servaient de résidences aux soldats choyés par le régime. Wacé craignait, une fois à terre, d’être de nouveau contrôlé par les militaires, mais il n’en fut rien. Des véhicules furent affrétés afin qu’il gagne par la route la Cité Interdite, située à une vingtaine de kilomètres de la forteresse Immortelle.
La campagne traversée par la voiture de Wacé était parsemée d’une multitude de petits villages qui abritaient les domestiques travaillant au palais impérial. Ils étaient répandus tout autour de la Cité Interdite, qui représentait un vaste cercle de cinquante kilomètres de diamètre.
La ville impériale était entourée d’une enceinte en grès rose, illuminée pendant toute la nuit. La voiture de Wacé, débarrassée de son escorte de domestiques qui avaient gagné leurs logements de fonction, passa sous la porte principale de la cité, une ouverture dépourvue de linteau, mais entourée de deux gigantesques protonyx en marbre blanc, les animaux sacrés de la famille impériale. Un barrage d’Immortels contrôla de nouveau les papiers du sparapet.
Cette dernière formalité accomplie, la voiture de Wacé avait enfin pu passer la porte, pénétrant ainsi dans la Cité des Nobles, la zone réservée aux patriciens qui y disposaient chacun d’une résidence. Au coeur de la Cité, une deuxième enceinte rose circulaire de dix kilomètres de diamètre délimitait le palais impérial, qui abritait les résidences des membres de la famille impériale ainsi que la salle du trône et le bâtiment du Grand Conseil.
Les palais des nobles étaient disposés en cercle autour du palais impérial. Il y avait un édifice réservé pour chacun des gouverneurs planétaires siégeant au Grand Conseil. Le palais des sparapets de Phylis ressemblait à une grosse pyramide aux parois de verre. Des chênes et des massifs de fleurs avaient été plantés autour de l’édifice, faisant office de jardins.
Une fois arrivé dans ses appartements, Wacé ne s’attarda pas à déballer ses bagages. Après avoir récupéré ses précieux sachets de pélanine, il entra directement en communication avec son principal contact dans la Cité Impériale. L’image d’un jeune homme ténébreux, aux cheveux bruns, courts et légèrement ondulés, s’afficha dans une sphère holographique projetée au milieu de la pièce.
- Je ne vous espérais plus sparapet Wacé. Vous avez réussi à déjouer les différents contrôles des Immortels ?
- Sans aucun problème.
- Avez-vous la pélanine ?
L’impatience de l’interlocuteur de Wacé trahissait une tension extrême. Ses traits d’éternel adolescent étaient tirés, ses yeux marron étaient cernés de noir. Il n’avait pas dû beaucoup dormir au cours de ces derniers jours.
- Je vous l’ai apportée comme convenu.
- Parfait. Je serai chez vous dans quelques minutes.
La conversation fut subitement interrompue sur l’initiative de l’interlocuteur du sparapet. Wacé resta pensif pendant quelques secondes devant la sphère bleutée, vidée de toute image. Sa mission était si primordiale qu’il ne pouvait faire confiance à personne. Même ses meilleurs amis étaient prêts à le sacrifier si cela devait s’avérer nécessaire. Plus que jamais, il devait se montrer vigilant.
Il décida de prendre connaissance de sa seconde mission en attendant l’arrivée imminente de son visiteur. Wacé sortit des pièces de sa poche. Elles étaient composées de deux matériaux différents afin de symboliser la Cité Interdite. Un petit cercle translucide au centre évoquait le palais impérial, tandis que le cercle extérieur en or représentait la Cité des Nobles.
Wacé attrapa la plus grosse des pièces et, avec l’aide de son doigt, en fit sauter le centre diaphane. Il tenait désormais entre ses mains un disque miniature en cristal et en relief, sublime invention des ingénieurs de l’Apanama. Un message microscopique avait été gravé sur les inscriptions de la pièce de monnaie. Ce travail de précision était invisible à l’oeil nu, tandis que le lecteur de ce disque si particulier avait été intégré dans la montre du sparapet.
Wacé introduisit le disque dans une petite fente pratiquée sur la bordure de la montre, mais il n’eut pas le temps de le visionner. Ses sphères holographiques de contrôle venaient de l’avertir qu’une voiture de luxe s’approchait de l’entrée du palais. Il reconnut immédiatement l’homme qui descendait du véhicule et lui ouvrit les portes en verre de son palais.
Wacé descendit les escaliers pour accueillir son invité qui l’attendait déjà dans l’entrée au rez-de-chaussée.
- Vous avez été très rapide, Prince Eden.
Le jeune homme rejeta en arrière le capuchon qui masquait habilement son visage dans une discrète zone d’ombre. Il dégrafa la pèlerine qu’il portait et la posa sur un siège.
- Je préfère que personne ne découvre notre entrevue, expliqua-t-il.
D’un regard furtif, il parcourut le salon d’accueil dans son intégralité.
- Les domestiques ne vont-ils pas nous trahir ?
- Je leur ai accordé quartier libre jusqu’au lever du jour. Nous disposons de deux bonnes heures avant qu’ils n’arrivent. Mais je vous en prie, Prince Eden, asseyez-vous.
Les deux hommes prirent place sur des canapés. Le Proèdre ne semblait être intéressé que par la drogue qui avait été introduite sur Gayanès.
- Je veux voir la pélanine.
Wacé ouvrit le petit tiroir d’un guéridon. Il en sortit des capsules transparentes remplies d’une poudre violacée.
- Il y en a mille doses.
Le Proèdre n’avait encore jamais eu l’occasion de voir cette substance illégale qui était introuvable dans la Cité Interdite. Sa curiosité était exacerbée.
- Les effets qu’on lui prête sont-ils si terribles ?
- La pélanine est fabriquée à partir d’une plante hallucinogène. Consommée en petites doses, elle provoque un état de bien-être intense et décuple la force et les capacités intellectuelles. L’accoutumance est très rapide et nécessite l’absorption de doses de plus en plus importantes. Les personnes qui se droguent à la pélanine meurent toutes d’une surdose.
Le Proèdre ouvrit maladroitement une capsule. L’enveloppe se déchira et la poudre violacée se répandit sur le guéridon.
Cette maladresse agaça Wacé.
- Faites un peu attention. Un seul de ces sachets coûte une petite fortune et j’ai risqué ma vie pour vous les apporter.
La pélanine pouvait être administrée par n’importe quel moyen. Par ingestion, par inhalation ou encore par injection. Le Proèdre humecta son index avec sa langue, le trempa dans la poudre qui traînait dans le fond de la capsule et le porta à sa bouche. Wacé bloqua le bras d’Eden en vol.
- Vous me tordez le bas, geignit-il. Je vous ordonne de me lâcher.
- Cette poudre est hyper concentrée en pélanine, elle doit être diluée avant d’être consommée. La dose que vous comptiez ingérer vous aurait été fatale.
Le Proèdre s’affala dans son fauteuil. Il lança un regard noir au sparapet.
- La prochaine fois, je ferai attention.
Wacé ne se laissa pas intimider par l’expression volontairement teigneuse du Proèdre.
- Il n’y aura pas de prochaine fois. Je vous conseille de ne jamais toucher à cette drogue.
Le Proèdre se redressa sur son siège, le visage empourpré. Son front se plissait en petites vagues, ses yeux dilatés étaient prêts à sortir de leurs orbites pour bondir sur Wacé.
- Comment pouvez-vous vous permettre de me donner des ordres ? Vous n’êtes pas mon père.
Wacé essaya de temporiser.
- Ce n’était pas un ordre, mais un simple conseil.
- Je suis assez grand pour savoir ce qui est ou n’est pas bon pour moi.
Cet incident était justement la preuve du contraire. Le Proèdre n’avait pas assez de maturité pour s’assumer. En cas de crise grave, il s’avérerait dangereux, non seulement pour lui-même, mais aussi pour son entourage. L’exercice du pouvoir requérait un minimum de sérieux qu’il ne possédait certainement pas.
Wacé aurait volontiers giflé cet adolescent capricieux, mais il n’était effectivement pas son père. Il se demandait néanmoins pour quelle raison l’Empereur avait pu laisser tant de liberté à son fils unique, lui passant systématiquement tous ses caprices.
L’avis était général. Cet enfant futile n’avait pas les qualités requises pour gouverner. Mais il était l’héritier du trône et mis à part lui, seule Sappho pouvait prétendre à la Couronne. Les nobles de l’Empire préféraient mille fois Eden à sa diablesse de tante. Pour cette raison, Wacé n’avait pas le choix, le Proèdre était incontournable.
- Nos amis vous ont-ils dit ce que vous devez faire de cette drogue ?
- Je dois la vendre dans la Cité Interdite, notamment dans l’entourage du Commandeur.
- Oued est notre principal ennemi. Sans son appui, Sappho sera impuissante. Evitez de trop répandre la pélanine. Ciblez les Immortels.
Eden réfléchit longuement. Il n’était plus aussi assuré de vouloir participer à ce complot contre le chef des Immortels.
- Je prends tous les risques. Vendre cette drogue ne sera pas chose aisée.
- Vous êtes mieux placé que moi pour le faire. Vous connaissez des fils d’Immortels, voire même de jeunes soldats. Prenez des fils de nobles comme intermédiaires si vous préférez, ce sera plus sûr pour vous.
Malgré les arguments de Wacé, le Proèdre restait rétif.
- Si Oued me surprend en train de vendre de la drogue, il profitera de cette occasion pour m’abattre. Il ne faut pas perdre de vue que les probabilités de réussite de votre plan sont assez aléatoires.
- La réussite est certaine. Vous avez peur ? Vous ne vous sentez pas à la hauteur de cette mission ? Dans ce cas n’en parlons plus. Je me débrouillerai sans vous.
Wacé avait trouvé les mots justes. Le Proèdre était prêt à tout pour démontrer au sparapet qu’il n’était pas un couard.
- J’en ai assez que l’on me prenne pour un incapable. Je vais vous prouver que je suis digne de confiance pour accomplir cette mission. Dans quelques jours, votre drogue sera entièrement vendue.
- Je n’en attendais pas moins de vous.
Les prédictions pessimistes des voyantes avaient profondément inquiété Eden. Plus personne ne croyait en lui, d’aucuns s’accordaient à dire qu’il ne régnerait jamais. Il était prêt à s’allier avec le diable pour s’emparer d’un trône qui lui revenait de droit. Au moins espérait-il qu’une fois empereur, les gens le reconnaîtraient enfin à sa juste valeur.
Le bleu nuit du ciel s’estompait progressivement, à l’extérieur, derrière les vitres du palais. Il ferait bientôt complètement jour. Le Proèdre se leva et enfila sa pèlerine. Il tira le capuchon pour couvrir sa tête.
- Je voudrais rentrer au palais avant le lever du jour. Je pense que nous aurons bientôt l’occasion de nous revoir à la Cour.
- Certainement, mais il vaudra mieux garder nos distances. Je ne vous contacterai que lorsque nous serons seuls. Ce sera plus prudent pour nous deux.
Le Proèdre remonta dans sa voiture et regagna le palais impérial. Wacé avait toujours le disque de cristal inséré à l’intérieur de sa montre. Il n’avait pas besoin de remonter à l’étage pour le visionner, un simple mur blanc était suffisant. Il profita des dernières minutes d’obscurité pour commencer la projection.
La Doyenne Syris apparut en gros plan sur le mur blanc de la pièce. L’inquiétude perçait dans la voix roque de la vieille femme.
- L’univers est en péril, Wacé. L’Empereur a eu un deuxième fils, fruit d’une union secrète avec la reine des Amazones. Adonis est le fils caché de Sa Majesté, son pendentif représentant un protonyx me l’a révélé. J’ai envoyé mes tueurs le traquer sur la Planète-Mère, mais ils ont appris qu’il venait tout juste de partir pour Gayanès. Tu es la seule personne de confiance à avoir accès à la Cité Interdite du fait de ton statut de diplomate. Je sais qu’Adonis était ton ami, mais n’oublie pas que l’avenir de l’univers est en jeu. Tu dois le tuer au plus vite. Ta récompense sera proportionnelle au service rendu.
Le disque de cristal s’arrêta de tourner dans son lecteur. Sa petite taille était fort pratique mais elle n’offrait pas la possibilité de stocker beaucoup d’informations.
Wacé était bouleversé par les révélations de la Doyenne. Son ami lui avait souvent montré ce pendentif qu’il prétendait détenir de ses parents. Wacé ne l’avait jamais pris au sérieux car il lui avait semblé inimaginable que les parents d’Adonis puissent avoir en leur possession un bijou aux armes de la Maison Impériale.
Syris avait néanmoins commis une grave erreur de jugement. Wacé était incapable d’accomplir cette mission. Adonis était son meilleur ami. En le tuant, il tuerait une partie de lui-même et ternirait par la même occasion les meilleurs souvenirs des cinq dernières années de son existence.
Cependant, il devait reconnaître qu’il y avait bel et bien un proèdre de trop. Personne dans l’Empire n’ignorait les vieilles légendes qui mettaient en garde tous les descendants d’Etran. Un antique adage prévenait chaque nouveau souverain : Si d’un d’entre vous devaient naître deux fils, le Mensékhar serait inévitable.
Peut-être était-il même déjà trop tard ? Sheshonq avait enfreint la loi d’Etran, le lointain ancêtre de tous ces hémocrates qui tiraient pouvoir et puissance de leur sang sacré depuis des millénaires.
Malgré tout, la solution radicale de Syris restait la dernière chance de l’humanité. Il fallait la tenter coûte que coûte. Cependant, Wacé entendait bien prendre quelques libertés avec le projet de la Doyenne. Il espérait ainsi faire d’une pierre deux coups en écartant le spectre du Mensékhar tout en préservant l’univers d’un Empereur indolent.
Wacé en était persuadé en son for intérieur. Adonis ferait un bien meilleur monarque qu’Eden.
L’un des deux Proèdres allait mourir, mais ce ne serait pas celui qu’avait désigné Syris. La Doyenne refuserait probablement de le récompenser en raison de sa désobéissance, mais Wacé s’en moquait éperdument. L’argent ne lui importait guère. A lui seul, il venait de décider du sort de l’Empire et il lui semblait qu’il n’avait pas fait le mauvais choix.
Chapitre 6 Chapitre 8