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  • : Le blog du Mensékhar
  • : Présentation et publication intégrale de mon ouvrage de science-fiction appelé le Mensékhar
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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 10:25

 

Mon ouvrage le Mensékhar a reçu un avis positif d'un grand éditeur, mais ce dernier lui reprochait de se rapprocher "de certaines thèses extrêmes et millénaristes".

 

Le Mensékhar signifie "Apocalypse". Tout au long du livre, pèse un danger imminent annoncé par d'anciennes prophéties : la destruction de l'univers par les protonyx, des animaux fabuleux capables de détruire la matière.

 

Le Mensékhar est par conséquent un ouvrage à classer dans le genre apocalyptique, mais est-il pour autant millénariste?

 

Le Millénarisme (ou chiliasme) soutient l'idée d'un règne terrestre du Messie d'une durée de 1000 ans (d'où le terme Millénarisme) après que celui-ci aura chassé l'Antéchrist.

 

Cette doctrine puise ses racines dans la Bible et plus précisément dans son dernier livre, l'Apocalypse de Saint-Jean. Elle est présente dans le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam.

 

Apocalypse est un terme grec traduit de l'hébreu qui signifie "révélation". Ce genre littéraire existait déjà dans le judaïsme, notamment dans le Livre de Daniel. Il a été popularisé avec l'Apocalypse de Saint-Jean, dont voici un extrait :

 

Puis je vis un Ange, descendre du Ciel tenant à la main la clef de l’abîme, ainsi qu’une énorme chaîne. Il maîtrisa le Dragon, l’antique serpent et l’enchaîna pour mille années. Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du Ciel de chez Dieu ; elle s’était faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux. J’entendis alors une voix clamer du trône : " Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux. Ils seront son peuple et lui, Dieu avec eux sera leur Dieu. Il essuiera toutes larmes de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus ; de pleurs, de cris et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé.

 

Le genre apocalyptique est écrit au cours d'une période de persécution des croyants afin de stimuler leur foi éprouvée :

- Livre de Daniel : persécution des juifs par les babyloniens

- Apocalypse de Saint-Jean : persécution des chrétiens par les romains.

 

L'Apocalypse de Saint Jean fut un écrit de circonstance, destiné à réconforter les chrétiens par temps de persécution et à prédire la chute de l'empereur romain Néron initiateur de cette persécution.

 

Le récit apocalyptique débute sous la forme d'un songe qui contient une "révélation". Ce songe est imagé, ce qui permet une interprétation libre et adaptable selon le contexte historique. Il est composé de thèmes récurrents :

- Un antéchrist qui persécute les croyants (le diable ou un de ses envoyés)

- Des fléaux innombrables qui s'abattent sur les hommes (maladies, persécutions, etc.), ce qui entretient une atmosphère de fin du monde

- La venue d'un Messie, un homme providentiel qui chasse l'antéchrist et instaure un ordre de justice (récompense des croyants et punition des impies)

 

Le succès du genre apocalyptique réside dans l'utilisation de termes imagés, ce qui le rend indémodable. Toutes les époques peuvent se reconnaître dans ces textes, tant les images et les fléaux décrits sont universels (venue d'un homme providentiels, calamités, etc.).

 

Depuis la fin du XIXème siècle, on assiste à une renaissance du millénarisme à travers plusieurs communautés religieuses : Témoins de Jéhovah, Mormons, etc.

 

Par extension, des traditions similaires présentes dans d'autres religions, annonçant la venue ou le retour d'une divinité souvent accompagné de phénomènes extraordinaires ou de calamités, sont généralement qualifiées de millénaristes.

 

Cette série de fléaux se terminant par une bataille décisive précédant immédiatement les mille années paradisiaques a souvent été associée à la fin du monde. Chaque fois qu’on l’a crue imminente, à la fin du premier millénaire (an 1000), puis du second millénaire (an 2000) ou à l’occasion d’une grande épidémie, on a vu resurgir le millénarisme sous une forme ou une autre.

 

La fin du monde est un thème universel abordé dans toutes les cultures à toutes les époques :

- Peurs de l'An 1000

- An 2000

- Changement d'axe de la terre

- Basculement des pôles

- Impact d'astéroïde 

- Réchauffement climatique

- Calendrier Maya (21 décembre 2012)

- Tempêtes solaires

- Epidémies (peste, grippe aviaire H5N1, grippe A,etc.)

- Menace nucléaire 

Prophétie de Saint-Malachie, de Nostradamus, etc.

 

Bref, un sujet inépuisable qui a de quoi alimenter les fantasmes et les rumeurs pour de longues années encore (pour ne pas dire plusieurs millénaires).

 

Les signes annonciateurs de l'apocalypse sont à la fois extraordinaires et ordinaires, ce qui permet régulièrement d'annoncer la fin imminente du monde :

- Evénement cosmique (comète, éclipse, etc.)

- Epidémies

- Guerres

- Catastrophes naturelles (tremblements de terre, éruptions, etc.) 

- Persécutions de la foi

 

Le thème apocalyptique et post apocalyptique a été souvent abordé au cinéma : Armageddon, Deep Impact, le Jour d'après, 2012 pour ne citer que les films les plus récents. 

  

Il y a fort à parier que la fin du monde surprendra tout le monde lorsqu'elle arrivera (elle finira bien par arriver un jour), car il n'est pas sûr qu'elle soit annoncée par des événements avant-coureurs.

 

Le genre apocalyptique est à mon sens, plus didactique que prophétique. Peu importe quand la fin du monde surviendra, l'essentiel est plutôt de savoir comment faire pour l'éviter, la repousser, ou au contraire s'y préparer. Certains prônent un retour à la foi, les progrès de la science, le développement durable, etc.

 

Mon roman le Mensékhar s'inscrit dans cette optique. La destruction de l'univers peut être évitée, à condition que les hommes s'en donnent les moyens. Mais en seront-ils capables? pour le savoir, je vous invite à lire mon livre qui est publié sur ce blog.

 

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 15:23

 

          Wacé, abordé de toutes parts, essayait désespérément de quitter les gradins de la salle du Grand Conseil. Ses collèges sparapets l’interpellaient méchamment, exigeant des résultats concrets à la mission qu’ils lui avaient confiée.

         -  Nous t’avons choisi comme chef. Ne nous avais-tu pas promis de nous débarrasser de la menace des Immortels ?

         - Doucement, mes frères. Mon plan doit rester secret. Sachez seulement qu’il ne devrait pas tarder à porter ses fruits.

         Un noble un peu brutal le bouscula violemment.

         - Nous exigeons des résultats avant la joute nautique.

         Wacé n’entendait pas se laisser si facilement intimider. Il frappa d’un coup sec le bras qui lui tordait le poignet. La brute émit un couinement de douleur et lâcha prise.

         - Nous agirons juste après la joute, quand nos ennemis ne s’y attendront plus.

         - Après le combat, la représentation des Immortels au sein du Grand Conseil risque d’être doublée, s’inquiéta un sparapet. Il sera alors trop tard pour s’opposer aux militaires.

         - Après le combat, Oued sera mort, promit Wacé. Sans le Commandeur, Sappho et les Immortels ne représenteront plus un réel danger pour nous.

         Wacé repoussa à coups de bras la foule des nobles qui l’assaillait de toutes parts et se força un passage afin de gagner la porte de sortie de la salle du Grand Conseil. Arrivé enfin dans la grande galerie d’où partaient les pastilles de lévitation, il respira une bouffée d’oxygène en contemplant de la vue qui dominait les jardins luxuriants de la Cité Interdite.

Ses ennuis ne faisaient pourtant que commencer. La Doyenne de l’Université, entourée de quelques sbires patibulaires, l’attendait sur la piste de décollage au milieu des appareils de lévitation.

         En apercevant les yeux sanglants qui le fixaient dans la bulle de verre, Wacé eut le réflexe de bondir sur l’une des pastilles de lévitation pour fuir, mais les gardes du corps de la Doyenne lui barrèrent le passage.

         - Je suis très déçue, sparapet Wacé, fit-elle. Adonis est plus que jamais un danger. Non seulement la menace du Mensékhar n’est toujours pas écartée, mais c’est encore tout l’équilibre du pouvoir qui risque d’être bouleversé par le résultat de la prochaine joute des couleurs.

         - J’honorerai mon contrat. Il n’y aura bientôt plus qu’un seul proèdre.

         La Doyenne colla son visage desséché aux parois de la bulle de verre. Sa figure écrasée ressemblait à une masse blanchâtre informe tâchée de deux petits points rouges.

         - Nous sommes pressés par le temps. Les protonyx commencent à se réveiller et semblent échapper au contrôle de l’Empereur.

         - Vous dramatisez.

         La vieille femme caressa la paroi de verre avec ses ongles. Le grincement aigu retourna l’estomac de Wacé.

         - Nos astronomes ont récemment détecté l’implosion d’une planète située dans la galaxie d’Hysparion. Après enquête, ils y ont relevé une quantité anormale d’antimatière. Sais-tu quel type de réaction entraîne une rencontre de matière et d’antimatière ?

         Wacé avait quelques notions de physique.

         - Les professeurs nous l’ont appris à l’Elakil. Lorsque matière et antimatière se rencontrent elles s’annihilent avec un extraordinaire dégagement d’énergie.

         La Doyenne acquiesça.

         - Heureusement, il y a plus de création de matière que d’antimatière dans l’univers. C’est pour cette raison que nous existons. Le Mensékhar est une sorte de cancer de l’univers. Les cellules des protonyx s’affolent provoquant une surproduction d’antimatière qui détruit progressivement toute la matière existante.

         - L’Empereur paralyse les protonyx et les empêche de développer de l’antimatière.

         - Le sang d’Etran perd de son efficacité lorsqu’un empereur a mis au monde deux fils. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Nous devons interrompre au plus tôt le Mensékhar en nous débarrassant d’Adonis. Puis-je te faire confiance ?

         Wacé restait convaincu que le jeune homme ferait un bien meilleur empereur qu’Eden. En outre, Adonis était son meilleur ami et il était incapable de le tuer. Mais il ne fallait pas non plus que quelqu’un d’autre s’en charge à sa place. Wacé n’avait pas d’autre choix que de mentir à la Doyenne.

         - Je m’acquitterai de ma mission.

         Les enjeux devenaient plus importants, mais Wacé estimait qu’il lui restait encore un peu de temps. La planète qui avait explosé était un phénomène isolé, provoqué dans une galaxie située aux confins de l’univers. Après tout, l’Empereur avait deux fils depuis près de vingt ans et les prémisses du Mensékhar venaient à peine de se manifester.

         Wacé fut rassuré de constater que le phénomène de destruction de l’univers semblait être très long. Cela favorisait ses plans car il ne pouvait pas encore se débarrasser du Proèdre, sa présence lui étant indispensable dans l’attentat qu’il projetait contre Oued. Il était obligé d’attendre la fin de la joute nautique avant de priver l’Empire de son héritier légitime.

         La Doyenne temporisa également la situation.

         - Nous devons garder toutes les cartes en main jusqu’au dernier moment. Tu attendras le résultat de la joute des couleurs avant de te débarrasser d’Adonis.

         - Je l’entendais bien ainsi.

         Wacé pouvait respirer. Il disposait d’un délai suffisant pour se tirer du mauvais pas dans lequel il s’était fourré. Il n’avait de toute manière plus vraiment le choix. Il devait suivre son plan jusqu’au bout, coûte que coûte.

         Derrière la rangée de savants qui l’entourait, Wacé avait observé un homme qui l’attendait depuis quelque temps. Il avait reconnu l’un des domestiques du Proèdre, venu probablement pour lui apporter des nouvelles du jeune homme. Wacé prit aussitôt congé de la Doyenne et aborda l’individu.

         - Avez-vous des nouvelles de votre maître ?

         - Il souhaite que vous me suiviez afin de le rencontrer.

         - Je suis à vous.

         Wacé et le domestique empruntèrent une pastille pour quitter l’aire de décollage du bâtiment du Grand Conseil. Une fois à terre, ils gagnèrent à pied le palais du Proèdre, une vaste demeure aux murs roses, agrémentée de tours et de terrasses imbriquées les unes à la suite des autres.

         Le Prince Eden les reçut sur un balcon, au premier étage de l’édifice. Il était assis sur une chaise, une jeune femme brune à la silhouette élancée se tenait à ses côtés. Après avoir introduit Wacé, le domestique s’éclipsa.

         - Vous désiriez me rencontrer, Prince Eden ?

         - J’ai d’excellentes nouvelles concernant notre affaire. Tout ce passe exactement comme vous l’aviez prévu. Des Immortels en manque de pélanine m’ont contacté pas plus tard que ce matin. Ils désirent être réapprovisionnés.

         - Vous avez refusé j’espère.

         - J’ai suivi vos consignes à la lettre. Ils devraient bientôt arriver afin que vous puissiez négocier directement avec eux.

         Le Proèdre posa sa main sur la cuisse de sa compagne. Il caressa fermement la peau et remonta fébrilement jusqu’au pubis. La jeune femme, caressée dans ses parties intimes, poussa un bref gémissement de plaisir. Troublée, elle interrompit sagement cette brève jouissance, inconvenante estimait-elle en présence de Wacé, en repoussant sèchement la main pressante de son amant.

         Wacé jugeait cette attitude déplacée indigne de la part de l’héritier de l’Empire. Le Proèdre le regardait avec un petit sourire de contentement. Que voulait-il lui prouver ? Même sa compagne réprouvait son comportement, ce qui semblait lui échapper complètement.

         - Nous allons devoir discuter de la sécurité de l’Empire. Il serait préférable que votre amie n’assiste pas à nos entretiens.

         La jeune fille allait se lever de sa propre initiative pour quitter la pièce, lorsque le Proèdre lui fit signe de rester sur son siège.

         - Elia est d’une loyauté à toute épreuve. J’en réponds comme de moi-même.

         En guise de témoignage de confiance envers la jeune fille, le Proèdre éprouva le besoin de l’embrasser entre les deux seins légèrement découverts par un décolleté échancré. Elia sursauta sur son siège, affreusement embarrassée. Fier de son acte de défiance, Eden fixa longuement Wacé. Ses lèvres se crispèrent en un petit sourire en coin, teinté d’un brin d’insolence.

         Wacé, gêné par ce comportement infantile, avait ressenti le besoin de justifier son intransigeance vis-à-vis de  la présence de la compagne du Proèdre.

         - Je ne doute pas de l’intégrité d’Elia. Je voulais simplement suggérer qu’il eût été plus prudent pour sa sécurité de ne pas la mêler à nos affaires.

         - Elia a décidé de partager mon existence. Elle doit en accepter les risques.

         La jeune fille ne voulut pas contrarier son ami.

         - Je suis prête à suivre Eden n’importe où, même si cela doit mettre mon existence en péril.

         Le domestique qui avait accompagné Wacé se présenta sur la terrasse.

         - Des Immortels attendent dans le hall. Ils désireraient avoir une entrevue avec vous.

         - Fais les entrer.

         Trois soldats d’une vingtaine d’années, munis de leurs armures noires, s’avancèrent devant Eden. Les contours de leurs yeux et de leurs lèvres étaient violacés, traces qui caractérisaient les personnes en manque cruel de pélanine.

         Le soldat le plus agressif interpella Eden.

         - Nous avons besoin de pélanine. Combien te reste t-il de doses ?

         - Je n’en ai plus.

         L’Immortel n’était pas homme à se satisfaire d’une telle réponse. Il agrippa Eden par la tunique et le tira à lui.

         - Fils de l’Empereur ou pas, je n’hésiterai pas à te régler ton compte. Tu nous as vendu cette drogue qui n’existait pas sur Gayanès. C’est trop facile, tu n’as pas le droit de cesser de nous approvisionner du jour au lendemain.

         Le Proèdre, soulevé du sol par le soldat, se tenait sur la pointe des pieds. Il aurait aisément pu se soustraire à la pression de l’Immortel, mais il préféra lui répondre tranquillement, comme s’il n’y avait pas la moindre tension entre eux.

         - Je n’ai plus de pélanine, mais l’homme qui est ici avec moi, le sparapet Wacé, est venu spécialement de Phylis pour nous livrer de nouvelles doses.

         L’Immortel relâcha la tunique d’Eden qui retomba sur ses talons. Il poussa violemment le Proèdre sur le côté afin d’apercevoir Wacé qui se cachait derrière lui. Le sparapet, en première ligne à son tour, recula de deux pas afin de ne pas subir le même sort que l’héritier du trône.

         - J’ai beaucoup de pélanine, fit-il, mais les conditions d’achat ont changé.

         L’Immortel s’avança vers Wacé d’un air menaçant. Le sparapet recula encore d’un pas, afin de rester hors de portée de l’individu. Le soldat comprit qu’il ne serait jamais assez rapide pour saisir le jeune homme. Il décida de négocier avec lui sans recourir de nouveau à une inutile intimidation physique.

         - Quel est votre nouveau prix ?

         - Il n’y a pas de prix. Vous aurez toute la pélanine que vous désirez si vous me rendez un petit service.

         Les deux soldats restés en retrait s’approchèrent pour participer à la conversation qui, ils le sentaient, les concernaient également. Leur chef accueillait avec méfiance l’insolite proposition de Wacé.

         - Quelle sorte de service veux-tu que nous te rendions ?

         - Un contrat.

         Ces Immortels méritaient plus d’être considérés comme de vulgaires mercenaires plutôt que comme des soldats d’élite. Les exigences de Wacé ne leur semblaient pas être inconcevables. Ils étaient prêts à tout pour acquérir la pélanine qui leur faisait cruellement défaut.

         - Qui désires-tu éliminer ?

         - Oued, votre Commandeur.

         A l’évocation du nom de leur chef, les trois hommes pâlirent de terreur. L’Immortel qui menait les discussions depuis le début préféra abandonner.

         - C’est trop dangereux.

         - Que craignez-vous ? S’étonna Wacé.

         - D’être punis pour le meurtre d’un Commandeur.

         - Vous serez protégés par le Proèdre, le futur Empereur de l’univers.

         Eden prit la parole à son tour :

         - Si vous accomplissez votre mission, je vous délivrerai une lettre d’immunité. N’oubliez pas que le Proèdre, s’il est doté de peu de pouvoirs, dispose néanmoins du droit de grâce. Cela vaut pour tous les crimes.

         L’Immortel était sur le point de se décider.

         - Il nous faudrait une assurance.

         - Aucun problème, assura Eden. Je vais immédiatement vous signer des laissez-passer qui vous accorderont une totale immunité au nom de la raison d’Etat.

         Les papiers une fois préparés, les trois Immortels reçurent chacun une dose de pélanine afin de combler leur manque. Wacé leur donna quelques dernières consignes.

         - Je ne veux savoir ni quand ni comment vous commettrez votre forfait. Vous avez le choix des armes et du lieu. Vous devez simplement attendre la fin de la joute nautique pour passer à l’action.

         Wacé quitta le palais du Proèdre en même temps que les Immortels. Il salua Eden avant de partir.

         - Tout fonctionne à merveille. Nous avons fait du bon travail.

         - Je suis très satisfait, avoua Eden. Si votre plan porte ses fruits, plus rien ni personne ne pourra se dresser entre le trône et moi.

         Lorsqu’il fut sorti du palais du Proèdre, Wacé accéléra le pas afin de rattraper le dernier des trois Immortels qui traînait dans les jardins, quelques mètres devant lui. Deux Immortels suffiraient amplement pour assassiner Oued, estima-t-il.

         Wacé avait une nouvelle mission bien plus importante à confier au troisième lascar.

   

Chapitre 9                                                                 Chapitre 11    

 

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 15:36

 

Le Meilleur des mondes (Brave New Word en anglais) est un roman d'anticipation dystopique écrit en 1931 par Aldous Huxley. Il parut en 1932.

 

La dystopie est le contraire de l'utopie, au lieu de décrire un monde parfait, la dystopie présente le pire monde qui soit. 1984 de Georges Orwell et Fahrenheit 451 de Ray Bradbury sont deux autres célèbres dystopies.

 

Le-Meilleur-des-mondes.jpg

 

Le roman commence par cette phrase qui nous place très rapidement dans le contexte d'une société froide et minutieusement organisée :

 

"Un bâtiment gris et trapu de trente-quatre étages seulement. Au-dessus de l'entrée principale, les mots : centre d'incubation et de conditionnement de Londres-Central, et dans un écusson, la devise de l'Etat Mondial : Communauté, Identité, Stabilité..."

 

Dans le monde décrit par l'auteur, la majorité des êtres humains vit au sein de l'Etat Mondial, un faible nombre de "sauvages" vivent dans des réserves. Les sociétés anciennes ont été détruites par un conflit mondial.

 

Le Meilleur des mondes décrit en réalité le pire des mondes. Cet ouvrage est la mise en pratique du célèbre adage : "le mieux est l'ennemi du bien".

 

Les principaux personnages du Meilleur des Mondes sont :

- Bernard Marx (Alpha Plus) : Il est petit et gros, son physique très différents des Alphas le fait plutôt ressembler à un Gamma. Il souffre de sa laideur et de son inadaptation.

- Lénina Crowne (Bêta Plus) : Elle est très belle et son conditionnement a parfaitement réussi.

- Helmholtz Watson (Alpha Plus) : Beau et sportif, il est doté d'une intelligence très supérieure aux normes de sa caste. Il ne se plait pas dans ce monde aux valeurs qu'il trouve insipides.

- John "le Sauvage" : il est né de manière naturelle, ce qui est est normalement proscrit. Il a été éduqué dans un village indien et n'a pas reçu le conditionnement de la société.

 

La société imaginée par Aldous Huxley est extrêmement structurée et planifiée de manière à éliminer autant que possible le hasard et ce afin d'organiser le plus parfait des mondes (l'idéal de perfection de ce meilleur des monde est justement ce qui le rend monstrueux) :

- La société est divisée en 5 groupes qui constituent 5 castes : Alpha, Bêta, Gamma, Delta et Epsilon.

- Ces castes très inégalitaires coexistent pacifiquement, sans aucune tension sociale, grâce à une méthode de conditionnement pendant le sommeil.

- Ces castes ne doivent rien au hasard, elles résultent de traitement chimiques imposés aux embryons. La reproduction est entièrement artificielle et le clonage est pratiqué.

- La sexualité est purement récréative et les passions amoureuses sont bannies car considérées comme une source potentielle de conflits.

- Le conditionnement dirige les goûts des membres de la société vers une consommation de masse au détriment de passe-temps gratuits ou bon marché. Les loisirs de groupe sont privilégiés, toute activité individuelle est suspecte : ainsi personne ne connait la solitude.

- Le soma est une drogue parfaite, sans les effets secondaires des autres drogues. Sorte d'anxiolytique, elle empêche les gens d'être malheureux.

 

Bref, pour résumer, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... 

 

Ce qui est intéressant dans le Meilleur des mondes, d'Aldous Huxley c'est le parallèle qui peut être fait avec notre société contemporaine.

 

Mon analyse est la suivante : nous sommes dans une société qui cherche le risque zéro et la perfection dans un monde qui est par nature imparfait. Ce qui nous conduit, un peu comme dans le Meilleur des mondes (dans une moindre mesure heureusement) à vouloir tout réglementer et standardiser, jusqu'à la taille et à la forme des fruits et légumes par exemple.

 

La procréation commence à devenir une affaire industrielle avec la fécondation in-vitro (sans l'eugénisme du meilleur des mondes. En tout cas pour l'instant...).

 

Tous les plaisirs sont orientés vers la consommation de masse, d'objets souvent inutiles qui finissent la plupart du temps à la poubelle.

 

Pas encore de soma, mais les drogues ne manquent pas, dures ou douces. Sans oublier le pouvoir hypnotique de la télévision qui formate les esprits au lieu d'ouvrir les yeux.

 

Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley est un monde où l'Homme veut contrôler son environnement à 100%.

 

Ce monde, c'est le notre...

 

Il est normal que l'Homme cherche à contrôler un environnement qui lui est parfois hostile (prédateurs, maladies, etc.). Mais de là à en faire trop : on finit par accoucher d'un monde sans saveur. Alors que tout est question de juste milieu.

 

Nicolas Berdiaeff avait déjà mis le monde en garde contre les utopies dans un propos qu'Aldous Huxley cite au début du Meilleur des mondes :

 

Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu'on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante. Comment éviter leur réalisation définitive? ... Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe ouvrière rêveront aux moyens d'éviter les utopies et de retourner à une société non utopique moins "parfaite" et plus "libre".

 

Le Meilleur des mondes est une réflexion sur le bonheur. Le bonheur est-il une fin en soi? La technologie est-elle suffisante pour faire notre bonheur? Est-on heureux quand on fait ce pour quoi on est né?

 

Le Meilleur des mondes est à lire absolument si ce n'est pas déjà fait.

 

Cliquez sur le lien qui suit pour accéder au résumé détaillé du Meilleur des Mondes chapitre par chapitre.   

 

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 10:20

 

         L’armure explosa sous la pression du coup de pied d’Adonis. Il n’avait eu aucune pitié pour son adversaire qu’il dominait aisément depuis le début du combat. Le jeune homme ne contrôlait plus sa force. Il était extrêmement nerveux car il n’avait pas revu Sappho depuis son arrivée sur Gayanès, il y avait près d’une semaine de cela.

         L’adversaire à l’armure éclatée gisait sur le dos. Il gémissait. Adonis l’aida à se relever en lui tendant la main droite.

         - Aurais-tu perdu la tête, Adonis ? Je te rappelle qu’il ne s’agit que d’un entraînement.

         - Je suis désolé.

         Le combattant à l’armure ôta son casque pour découvrir une superbe chevelure blonde. C’était une femme, l’une des rares Mignonnes de Sappho qui se passionnait beaucoup plus pour les armes que pour les étreintes charnelles.

         - Tu es remarquable, jeune homme. Aucune des nôtres n’a encore réussi à te battre.

         - Et toi, tu es sans conteste la meilleure guerrière de Sappho, concéda Adonis. Comment t’appelles-tu ?

         - Mon nom est Chelséa.

         - Tu es très jolie, Chelséa.

         Le garçon admirait le visage ravissant de cette jeune femme âgée d’à peine vingt ans. Ses yeux, particulièrement expressifs, étaient dorés comme ceux d’Adonis. Il caressa tendrement la joue de la jeune fille du bout des doigts. Cette dernière, gênée, repoussa ses avances.

         - Tu dois te concentrer sur ton entraînement. La Princesse n’apprécierait pas de savoir que tu te disperses sentimentalement.

Adonis était amer.

         - Depuis que je suis arrivé sur Gayanès, je ne me suis entraîné qu’avec des femmes. Je n’en retire aucune gloire.

         - Certaines d’entre nous ont réussi à vaincre des Immortels. Le combat n’est pas seulement une question de force. Il demande beaucoup de psychologie, de rapidité et de flexibilité.

         Adonis savait tout ceci, les sages et les savants lui avaient enseigné tous les secrets du combat. Mais il préférait néanmoins concourir contre des hommes.

         - Je suis plus à l’aise en combattant des hommes, expliqua-t-il pour se justifier.

         - Tu auras bientôt l’occasion d’en affronter un, sois tranquille.

         La jeune femme arracha les morceaux d’armure qui l’étreignaient encore et les jeta sur le sol. Elle n’avait encore jamais vu cela. Les armures étaient constituées d’un alliage très souple et très résistant. Même les lasers ne pouvaient pas en venir à bout. La rage d’Adonis l’avait brisée en deux. Le coup sauvage avait cependant été asséné avec une précision prodigieuse. S’il avait été exercé avec un peu plus de force, il aurait perforé les viscères de la combattante provoquant une mort immédiate.

         Adonis qui combattait sans armure reposa son épée à plasma dans un fourreau le long du mur. Il était très calme et son visage respirait la sérénité. Quel contraste avec la fougue qu’il avait déployé lors du combat ! Qui aurait pu imaginer que cet adolescent aux airs angéliques pouvait être aussi redoutable lorsqu’il était doté d’une arme !

         - Quand verrai-je la Princesse Sappho ? S’impatienta-t-il.

         - Je l’ai rencontrée ce matin. Elle devait venir assister à ce combat.

         - Elle est en retard.

         - Erreur, je suis là.

         Adonis se retourna en direction de la porte d’entrée de la salle d’arme. La Princesse arborait fièrement une magnifique robe de cérémonie. Elle tenait de chaque côté dans ses mains un pli du vêtement, qui enchâssait sa tête dans une minerve. La robe, noire, s’évasait en forme de cône à partir du bassin.

         Adonis ne cacha pas son désappointement.

         - Vous n’avez pas assisté à ce combat comme promis, Princesse.

         - Je n’y étais pas en personne, je te l’accorde. Mais crois moi, j’assiste régulièrement à tes entraînements depuis ton arrivée sur Gayanès.

         Adonis examina attentivement les moindres recoins de la pièce. En dehors de quelques armes, des épées à plasma et des lasers, elle était dépouillée de tout mobilier. Impossible d’y cacher la moindre caméra.

         - Comment avez-vous pu me voir sans être présente ?

         - Je n’ai pas besoin d’être là. Cette maison est imprégnée de ma personnalité. Je suis au courant de tout ce qui s’y passe. Mais tu ne me crois peut-être pas ?

         Adonis accordait volontiers foi aux assertions de Sappho. Depuis qu’il avait passé la porte du palais de la Princesse, il ressentait de curieuses sensations. La maison semblait vivre autour de lui, elle respirait, elle l’épiait et pire, s’imprégnait de lui. Plus étrange encore, certaines pièces changeaient de forme et de taille d’un jour sur l’autre, tandis que l’apparence extérieure du palais restait semble-t-il identique.

         - Vas te changer rapidement et rejoins-moi dans les jardins. Nous allons assister à l’une des rares séances du Grand Conseil.

         Adonis obéit à Sappho sans poser de questions. Après s’être changé pour revêtir un costume d’apparat formé d’une longue toge et d’un chapeau conique tous les deux en satin vert bouteille, il retrouva la Princesse dans les jardins. Ils marchèrent côte à côte en direction de la salle du Grand Conseil d’un pas tranquille.

         Adonis appréciait la présence de Sappho. Cette femme dynamique, sûre d’elle, se montrait extrêmement maternelle à son égard. Incontestablement, il retrouvait en elle la mère idéalisée qu’il n’avait jamais connue.

         Le palais de Sappho était celui qui avait été construit le plus près du centre de la Cité Interdite, le coeur du pouvoir. Ce coeur de l’Empire était matérialisé par la salle du Grand Conseil, le parlement, un vaste bâtiment blanc en forme de champignon. Sa base qui s’élançait vers le ciel en se rétrécissant était surmontée d’une demi sphère quasiment parfaite.

         Il n’y avait aucun escalier, aucun ascenseur pour accéder à la salle du Grand Conseil située au sommet du champignon. La pelouse au pied de l’édifice était seulement parsemée de petites pastilles blanches pouvant abriter en leur centre deux ou trois personnes.

         Sappho et Adonis prirent place au milieu d’un de ces cercles. La pastille se détacha du sol très doucement et se déplaça dans les airs, contrôlée mentalement par la Princesse. L’engin, silencieux et très fin, semblait être dépourvu de moteur, mais il possédait une gravité suffisante pour empêcher ses occupants de tomber dans le vide.

         Des centaines de ces appareils quittaient le sol pour disparaître dans les orifices pratiqués le long de la paroi du sommet de l’édifice. Sappho et Adonis survolaient à présent le jardin du palais impérial. Vu du ciel, le monument le plus imposant et le plus insolite du parc était incontestablement le palais de la Princesse.

         A force de le fixer, Adonis crut que sa vision se troublait. Les contours du palais devenaient flous, sa masse fondait et se reformait. Le buste de femme coulait par vagues blanches. Adonis ne pu contenir son étonnement. Le palais se recomposait, sa substance tournoya subitement dans un bouillonnement de violence pour former un gigantesque arc de cercle.

         Aux côtés d’Adonis, Sappho était comme hypnotisée. Elle fixait l’horizon du regard, complètement détachée de son environnement.

         - Avez-vous vu votre palais ? S’exclama Adonis. Il change de forme.

         En parlant, il avait tiré Sappho de la léthargie qui l’affectait. C’était comme si elle se réveillait après un long coma.

         - Qu’as-tu dit ? Je n’ai pas entendu.

         - Le palais ! Il bouge !

         Sappho ignora superbement les propos d’Adonis, comme si elle était encore un peu absente, profondément plongée dans ses pensées les plus intimes.

         - Tous ces cercles m’inspirent, murmura-t-elle en regardant les appareils de lévitation qui flottaient dans le ciel autour d’elle. Le cercle symbolise le retour au point de départ, le retour sur soi-même.

         Les bouches d’entrée de la partie supérieure du champignon étaient en forme de demi-cercles. L’appareil de Sappho et d’Adonis pénétra dans l’une d’elles et se posa au milieu d’un marquage concentrique tracé sur le sol.

         - Nous voici arrivés, fit Sappho.

         La Princesse et son protégé quittèrent le cercle pour se diriger vers une porte métallique. Elle s’ouvrit sur leur passage dans un léger bruit de pneumatique. Le couloir démesuré mais très sombre débouchait dans une grande salle circulaire qui devait représenter la majeure partie de l’édifice.

         Les murs de l’immense pièce, tels un stade, étaient couverts de gradins. Sappho et Adonis étaient passés sous les gradins, accédant ainsi directement au centre de la salle, dotée d’une esplanade circulaire, la tribune impériale.

         La Princesse et le jeune homme montèrent quelques marches et prirent place sur des sièges au centre de la tribune. Un trône en cristal bleu finement ciselé était réservé à l’Empereur, mais il était vide. Sappho se pencha à l’oreille d’Adonis afin de lui chuchoter quelques mots.

         - Le cérémonial dans la Cité Interdite est différent de celui pratiqué dans le reste de l’Empire. Les dignitaires ne doivent pas s’agenouiller devant Sa Majesté, mais seulement se lever lors de son entrée dans la salle.

         - Sa Majesté va-t-elle présider cette séance ?

         - Mon frère ne va pas tarder à arriver.

         Dans les gradins, les ambassadeurs s’impatientaient. Les trois ordres de l’Empire, les savants, les sparapets et les Immortels, étaient présents avec un nombre égal de représentants. Adonis voyait pour la première fois de sa vie les trois grands partis de l’Empire galactique qui luttaient pour le pouvoir.

Les forces de l’Empire se répartissaient traditionnellement en deux grands ensembles. Les Blancs, regroupant les savants et les nobles, partisans de l’autonomie des planètes, détenaient les deux tiers des représentants au sein du Grand Conseil et gouvernaient l’Empire depuis sa fondation. Leurs rivaux malheureux, les Noirs, minoritaires perpétuels, étaient constitués uniquement par les Immortels, les partisans d’un pouvoir central fort.

         Les discussions du Grand Conseil, où s’affrontaient directement les deux grandes idéologies de l’univers, étaient généralement houleuses. Elles déraperaient même aisément si elles n’étaient pas conduites par un arbitre, l’Empereur en personne.

         A l’entrée de Sa Majesté, escortée par le Commandeur des Immortels et par ses deux gardes du corps habituels, l’assemblée se leva d’un bloc. L’Empereur gravit les marches de la tribune et s’assit sur le trône de cristal bleu. Au même instant, Oued prit place aux côtés de Sappho

         - L’heure de vérité est enfin arrivée, chère Princesse, lui souffla-t-il à l’oreille. Es-tu prête pour le grand affrontement ?

         - Plus que jamais. J’attends cet instant depuis des années. Si tout se passe comme je l’ai prévu, les Noirs devraient enfin supplanter les Blancs.

         Les députés des trois ordres se rassirent sur leurs sièges respectifs. Les débats commencèrent, centrés autour du problème de la pélanine. Cette drogue faisait de graves ravages au sein des populations de l’Empire, décimant indistinctement les catégories miséreuses comme les classes les plus aisées.

         Oued s’impliquait particulièrement dans la gestion de cet épineux problème.

         - Nous devons renforcer les contrôles au sein de tout l’univers. Les Immortels doivent avoir accès à toutes les planètes, les sparapets sont incapables de maintenir l’ordre au sein de leurs territoires.

         Les bancs des nobles, garnis de somptueux costumes bariolés et flamboyants, grognèrent de protestations confuses. Un jeune homme, aux traits délicats, se leva et prit la parole. Adonis reconnu son ami Wacé.

         - Les sparapets sont suffisamment compétents pour s’imposer sur leurs planètes respectives. Nous refusons catégoriquement toute intrusion impériale à l’intérieur de nos districts planétaires.

         Les savants ne souhaitaient pas non plus rester indifférents aux débats. La Doyenne avait fait le voyage d’Okara pour apporter son point de vue. Elle ne se déplaçait plus que dans une bulle transparente qui annihilait toute pesanteur. Elle flottait dans cette boule de verre, ce qui lui apportait souplesse, confort et liberté dans ses mouvements. Sa voix caverneuse résonnait désagréablement dans la grande salle du Conseil.

         - Les savants ne sauraient tolérer l’intrusion d’Immortels sur Okara. Notre police est très efficace. D’ailleurs Okara est bien mieux préservée des ravages de la pélanine que Gayanès.

         Furieuse, la Princesse Sappho se dressa de son siège dans un flottement nerveux de tissu froissé.

         - Mettriez-vous la compétence des Immortels en cause ? Auriez-vous oublié les centaines d’étudiants qui meurent chaque année de surdoses sur votre planète ? Le Commandeur a raison. La situation économique de l’Empire est catastrophique et exige un contrôle plus strict des comportements individuels.

         L’Empereur resté silencieux jusque là voulut prendre la parole. Il toussa fébrilement, racla sa gorge et cracha un peu de sang.

         - Tu exagères quelque peu, très chère sœur, en critiquant l’attitude des nobles et des savants. Personne n’ignore ta sympathie pour les Noirs. Ton impartialité dans cette affaire est évidente. N’es-tu pas la première à t’entourer d’une suite décadente et libertine ?

         La Princesse se tourna dans toutes les directions afin de prendre l’assemblée à témoin.

         - Ma suite est moins décadente que tes nobliaux indolents, mon frère. Je suis prête à parier tout ce que tu voudras que seule une personne de mon entourage pourra remporter le combat nautique de ces prochains jours.

         - Qui est ta championne ?

         - C’est un champion, corrigea Sappho, et il est ici à mes côtés.

         Adonis sentit tous les regards converger dans sa direction. L’Empereur essayait d’appréhender la situation. Le jeune homme intimidé assis aux côtés de la Princesse ne semblait pas représenter un réel danger. Avait-il enfin trouvé le moyen de se débarrasser de sa turbulente sœur ?

         - Es-tu prête à accepter n’importe quel enjeu ?

         - Tout ce que tu voudras.

         - Si mon champion devait l’emporter sur le tien, promets-moi de disparaître à tout jamais de cette Cour.

         L’assemblée se tut dans un silence de mort. Tous les conseillers étaient suspendus aux lèvres de Sappho. Allait-elle relever le défi que l’Empereur venait de lui lancer ?

         La Princesse savait que son frère craignait terriblement son influence dans l’Empire. Alors qu’ils n’étaient encore que des enfants ce dernier redoutait déjà que sa soeur ne lui ravisse la Couronne sous prétexte qu’elle était son aînée. Aujourd’hui encore, elle lui portait ombrage et il pensait avoir enfin trouvé un moyen pour l’éloigner définitivement de la Cour.

         Sappho feignit le désappointement.

         - Mon propre frère voudrait me condamner à l’exil.

         - J’ai fixé mes règles du jeu. Elles sont draconiennes, à toi de les accepter ou de les refuser.

         - Tu ne veux pas connaître mes conditions avant ?

         - Tout ce que tu voudras.

         La princesse ne put réprimer un petit sourire laconique. Sa robe virevolta dans les airs, son délicat minois se redressa en direction du dôme de la salle.

         - Si mon champion l’emporte, je veux que la représentation des Immortels au Grand Conseil soit doublée.

         L’Empereur était embarrassé, les Blancs protestèrent vivement. Sappho proposait ni plus ni moins que de bouleverser l’équilibre des pouvoirs au sein de l’Empire. La Doyenne prit l’initiative d’intervenir avant que l’Empereur ne donne sa réponse à la Princesse.

         - Vous ne pouvez pas faire une telle promesse, hurla-t-elle en s’agitant dans sa bulle de verre. Doubler la représentation des Immortels reviendrait à leur octroyer la moitié des voix au sein du Grand Conseil.

         L’Empereur habituellement favorable aux Blancs s’était récemment rapproché des Noirs. Sans la menace des Immortels, les savants n’auraient jamais accepté de lui faire partager les secrets du projet Djed. Oued, en récompense de son zèle, avait alors reçu carte blanche pour contrôler Gayanès.

         - Les chances de cet adolescent de gagner le combat nautique sont nulles, expliqua l’Empereur.

         Aucun argument n’était assez puissant pour contrebalancer la perspective qui s’offrait à lui de se débarrasser de sa turbulente soeur, pas même les ultimes avertissements de Syris.

         - Je connais cet adolescent. Adonis est le major de l’Elakil et c’est probablement l’un des meilleurs combattants de tout l’univers. Il a été formé par les plus grands maîtres de l’Université.

         - Je connais quelqu’un de beaucoup plus fort, faites-moi confiance.

         L’Empereur ne souhaitait plus tergiverser. Il se leva, clôturant ainsi la séance au grand dam des Blancs. Un disque volant vint le chercher directement au pied du trône afin de le ramener dans son palais.

         Sappho et Adonis quittèrent l’assemblée en compagnie d’Oued. Lorsqu’ils quittèrent le bâtiment du Grand Conseil sur leur propre pastille de lévitation, Adonis jeta un bref coup d’œil en direction du mystérieux palais de Sappho.

Le jeune homme constata avec soulagement que la demeure de la Princesse n’avait pas une nouvelle fois changé de forme. Elle représentait toujours une arche monumentale qui se déployait au dessus des pelouses et des massifs de fleurs tel un arc-en-ciel.

         Ce n’est qu’une fois arrivé au sol qu’Adonis se permit de poser à Sappho une question qui lui brûlait les lèvres.

         - Savez-vous contre qui je vais concourir ?

         - Seul l’Empereur peut répondre à ta question. Mais je suppute qu’il en viendra à la même conclusion que moi. Il n’y a qu’une seule personne sur cette planète qui soit assez sportive pour espérer pouvoir te battre.

   

Chapitre 8                                                                  Chapitre 10  

 

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18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 14:48

 

         Adonis avait du mal à garder une parfaite maîtrise de soi. Les dizaines de femmes qui l’attendaient en bas de la passerelle l’intimidaient. Continuellement ballotté entre les sages de la Planète-Mère et les savants de l’Apanama, il n’avait jusqu’à présent vu qu’une seule femme, la Doyenne de l’Université. Et ce qui lui avait été donné d’apercevoir ne lui avait pas permis de se faire une juste idée de ce que pouvait être le sexe opposé.

         Toutes les femmes étaient-elles aussi vulgaires et provocantes que ces femelles curieuses dont les milliers d’yeux se posaient sur lui ? Une seule femme se distinguait de la masse, une Muse toute de bleu vêtue, semblable à une déesse grecque. Elle alliait avec grâce, beauté et maturité du corps. Comment une femme si élégante pouvait-elle s’entourer de demoiselles aussi délurées ? Adonis se dirigea instinctivement vers celle qui le rassurait comme une mère.

         La Princesse Sappho regardait le jeune agneau qui s’avançait dans sa direction. Elle avait bien cerné le personnage. N’importe quel jeune homme se serait émerveillé en découvrant ses Mignonnes, mais pas celui-ci qui avait hérité de la pudeur naturelle des sages de la Planète-Mère et des savants de l’Apanama.

         - Bonjour, bel Adonis. La Princesse Sappho est enchantée de t’accueillir sur Gayanès.

         En parcourant du regard le torse imberbe d’Adonis, partiellement découvert par la combinaison un peu échancrée du jeune homme, Sappho aperçut le pendentif au protonyx d’or. Elle se souvenait très bien de ce bijou. Son frère l’avait porté au début de son règne. Il y tenait tout particulièrement. Sappho, intriguée, estima qu’une enquête s’imposait, afin de découvrir les circonstances qui avaient pu amener Adonis à se retrouver en possession de ce précieux bijou impérial.

         - Tu possèdes un très beau pendentif, Adonis.

         - C’est un bijou de famille.

         Sappho manifesta son étonnement en inclinant légèrement sa tête sur la droite, puis en la redressant d’un coup sec. Elle réfléchissait.

         - Ta famille est en possession d’un bijou aux armes de l’Empire. Ne s’agirait-il pas d’un objet volé ?

         - Pas du tout, s’offusqua Adonis. J’ai été abandonné sur la Planète-Mère alors que je n’étais encore qu’un bébé. Les sages m’ont découvert devant la montagne de leur bibliothèque. Le pendentif avait été glissé dans le linge qui m’enveloppait.

         La Princesse palpa le bijou. Le monstre représenté était bien un protonyx, cet animal au majestueux corps de lion et à la tête de serpent surmontée de deux cornes. Ces bêtes ne vivaient que par la destruction. Dotées d’un pouvoir de contrôle de la matière par le Premier Empereur, elles pouvaient dans leur folie destructrice pousser les planètes à sortir de leurs axes, obliger les galaxies à imploser, créant ainsi un effroyable chaos cosmique.

         Seul l’Empereur pouvait les neutraliser. Sappho n’avait que dix-sept ans lorsqu’elle avait assisté au sacre de son frère. Cela s’était passé sur Iadès, une planète pratiquement désertique située au centre de l’univers qui servait de repère aux terribles protonyx.

         Sheshonq s’était aventuré seul dans le désert rouge pour aller affronter les protonyx sur la terre sacrée des falaises du Sud. L’un de ces monstres l’avait mordu au poignet. Cette morsure était mortelle pour n’importe quel homme, excepté pour les fils d’Etran qui étaient naturellement immunisés grâce au sang sacré qui coulait dans leurs veines.

         Le venin qui circulait dans les veines de Sheshonq lui octroyait la conscience des protonyx. Il devenait l’un des leurs et pouvait ainsi les neutraliser. Le pouvoir de destruction de ces monstres terrifiants était circonscrit au cours de l’intronisation de chaque nouvel Empereur, ce qui préservait l’humanité d’un cataclysme abominable.

         Le protonyx d’Adonis avait des yeux formés de minuscules rubis. Ils brillaient d’une lueur intense. Le jeune homme constata le trouble de la Princesse devant cette manifestation insolite.

         - Les yeux s’illuminent depuis que j’ai quitté Okara, expliqua-t-il à Sappho. Je ne connais pas l’origine de ce phénomène.

         Sappho au contraire avait parfaitement compris le message délivré par le pendentif. La dernière fois qu’elle avait vu ces yeux briller, c’était autour du cou de son frère, quelque temps avant le décès de leur père, lorsque les protonyx avaient pris conscience du déclin du vieil Empereur. Ils se tenaient alors prêts à reprendre la possession de leurs pouvoirs.

         Sappho avait dû se pencher sur la poitrine d’Adonis pour examiner de plus près le pendentif. Le souffle chaud de la respiration du jeune homme balayait doucement les cheveux de la Princesse. Elle sentit son odeur naturelle, un parfum délicieusement âcre. Sappho fut étonnée de ne pas être incommodée par cette odeur de mâle. Elle la trouva même fort agréable.

         Elle se redressa, ivre des senteurs du jeune homme.

         - Pourrais-tu me prêter ce pendentif ? Je te le restituerai dans quelques jours.

         Adonis hésitait à se séparer du seul objet qui pouvait le rattacher à ses parents. Pouvait-il faire confiance à la Princesse ?

         - J’y tiens beaucoup.

         - Cet objet t’appartient depuis ta naissance, je ne t’en priverai pas.

         Sappho désirait conserver ce pendentif pendant toute la durée du séjour d’Adonis sur Gayanès. Ce bijou cachait vraisemblablement un secret, la Princesse en était persuadée. Il valait mieux qu’aucun familier de l’Empereur ne l’aperçoive en possession du jeune homme. Sa vie pourrait être mise en danger.

         Adonis dégrafa sa chaîne et la passa autour du coup de Sappho.

         - Je vous confie le secret de mes origines, Princesse. Ne le perdez pas.

         - Rassure-toi, Adonis. Il est en sécurité en ma possession. Un tel bijou pourrait attirer bien des convoitises.

         Sappho frappa gaiement dans ses mains pour rassembler ses compagnes dispersées sur les pelouses du spaciodrome.

         - Debout mes Mignonnes. Nous rentrons au palais.

         Les jeunes filles ramassèrent leurs paniers et leurs vêtements éparpillés sur le gazon. Elles entouraient Adonis de leur attention, perturbant le jeune homme déjà fortement intimidé. Les courtisanes se disputaient le privilège de toucher ses cheveux dorés. Elles étaient également intriguées par l’arrivée d’un homme dans l’entourage exclusivement féminin de leur maîtresse.

         Sappho vit que son invité était indisposé par leur comportement.

         - Laissez le respirer un peu, s’emporta-t-elle. Vous ne voyez pas que vous l’effrayez ?

         Les courtisanes gloussèrent. C’était bien la première fois qu’elles terrifiaient un homme. Habituellement, leurs formes captivantes, succession infinie de courbes sensuelles, évoquaient de savoureuses étreintes. Mais aujourd’hui tout le monde semblait être indifférent à leur beauté, y compris la Princesse, beaucoup trop occupée à discuter avec son jeune protégé.

         Sappho marchait en tête en compagnie d’Adonis.

         - Je manque à la plus élémentaire des politesses, s’excusa-t-elle. Je ne t’ai même pas demandé si tu avais fait un bon voyage.

         - Ce fut un peu éprouvant. Il m’a fallu quinze heures pour faire le voyage de la Planète-Mère jusqu’à Gayanès.

         - Quinze heures !

         Cet ordre de grandeur stupéfia la Princesse. Quinze heures universelles pour passer d’une galaxie à une autre, c’était vraiment très long.

         - Le vaisseau est un vieux modèle. Il lui faut plusieurs heures avant de déclencher une passerelle dans l’espace temps.

         Depuis des millénaires, tous les vaisseaux spatiaux utilisaient un déplacement inter dimensionnel, contractant l’espace temps afin de se déplacer instantanément d’un point à l’autre de l’univers. Il suffisait d’entrer les coordonnées de la planète d’arrivée désirée pour y être transporté en une fraction de seconde.

         Les vaisseaux les plus modernes permettaient de déclencher ces portes spatio-temporelles en seulement quelques minutes, mais il fallait plusieurs heures de vol avant d’y parvenir dans les anciens modèles utilisés par les sages de la Planète-Mère, exclus des nouvelles technologies de l’Apanama.

         Sappho rassura Adonis.

         - Tu auras le temps de te reposer avant d’accomplir ta mission.

         - En quoi consistera-t-elle ?

         - Tu le verras en temps utile, ne t’inquiètes pas. T’es-tu déjà exercé au combat ?

         - J’ai pratiqué toutes les formes de lutte sur Okara. J’étais le meilleur combattant de l’Elakil.

         Sappho examina attentivement la morphologie du jeune homme.

         - Ta constitution n’est pourtant pas particulièrement athlétique.

         - Les muscles ne font pas tout. Un bon combattant doit aussi savoir se servir de sa tête. Tout est dans le mental.

         - Tu dois te préparer à participer à un combat un peu particulier, prévint la Princesse. Tu n’auras qu’une semaine pour t’entraîner.

         - Ce sera suffisant.

         - Je l’espère.

         Le scepticisme que la Princesse affichait à l’égard de ses prédispositions agaçait profondément Adonis. Sur Okara, il collectionnait les félicitations unanimes de ses professeurs. De quel droit cette femme frivole se permettait-elle de douter ainsi de ses capacités ?

         - J’ai fini major de ma promotion à l’Elakil, car j’étais de loin le meilleur des étudiants de l’Université et ce dans toutes les disciplines qui nous étaient imposées. Peu de personnes peuvent se vanter de m’avoir battu au combat.

         Cette pointe d’orgueil inattendue de la part d’un jeune élève des sages de la Planète-Mère surprit agréablement la Princesse Sappho. Soucieuse de ne pas froisser davantage son interlocuteur, elle tempéra ses propos :

         - Ton maître Irz’gune m’a certifié que tu étais imbattable. Je dois t’avouer qu’il ne tarissait pas d’éloges sur toi. Crois-moi, Adonis, il me tarde d’admirer tes prouesses.

         Adonis pressentait que la Princesse Sappho ne lui en apprendrait pas plus au cours de cette première journée. Il allait devoir faire preuve de patience s’il souhaitait obtenir plus d’informations à propos du combat qu’il allait devoir livrer.

         Dans l’immédiat, le jeune homme était plutôt préoccupé par des détails plus matérialistes.

         - Où vais-je résider sur Gayanès ?

         - Dans mon palais, bien sûr, s’exclama Sappho. D’ailleurs nous sommes arrivés. Tu es ici chez toi.

         Les arbres du jardin étaient écrasés par un immense bâtiment construit à partir d’une texture qu’Adonis ne parvenait pas à identifier, une matière blanche et poreuse qui ressemblait à de la roche. La forme de l’édifice était également très originale, un corps de femme privé de bras et coupé au niveau du bassin.

         Le bâtiment possédait une seule porte au niveau du nombril et était dépourvu de fenêtres. L’anatomie du corps, aux formes impressionnantes, et l’expression du visage, exquis de grâce mais un brin glacial, permettaient d’identifier la femme comme étant une réplique de Sappho, criante de réalisme.

         - Je vais aller me promener seule dans les jardins, expliqua la Princesse. Tu resteras en compagnie de mes Mignonnes, elles te prépareront une chambre.

         Adonis ressentait une certaine appréhension à entrer dans cette demeure inconnue avec les amies de la Princesse.

         - J’aimerai rester à vos côtés, Princesse.

         - Je préfère te prévenir tout de suite. Tu dois te préparer à combattre un adversaire redoutable et tu n’auras pas beaucoup l’occasion de me voir au cours de ces prochains jours.

         Le jeune homme regarda les courtisanes qui disparaissaient dans le nombril de la réplique de Sappho. Il se décida à les rejoindre à moitié rassuré.

         - Je vous souhaite une bonne promenade, Princesse.

         Sappho illumina son visage d’un petit sourire de satisfaction. Le jeune homme courait en direction de la porte. Il entra dans l’édifice. Sappho le sentit au plus profond de son corps, il était en elle.

         Son corps vibra d’extase.

   

Chapitre 7                                                             Chapitre 9 

 

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18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 10:08

 

Les Immortels constituent les troupes d'élite de l'armée impériale. Ils sont dirigés par un commandeur suprême et résident dans la forteresse du Toledo sur Gayanès, la planète impériale. Ils doivent leur nom au fait que cette unité spéciale d'un million d'hommes est maintenue constante par le remplacement immédiat des soldats inaptes au combat (morts, malades, blessés, etc.). 

 

En raison de son amitié d'enfance avec l'empereur Sheshonq, Oued a été nommé commandeur des Immortels. Spartiate, il gère la tâche qui lui a été confiée avec rigueur et fidélité. Préoccupé par le devenir de l'Empire galactique, il désire avant tout préserver l'ordre et la paix qui règnent depuis des millénaires. C'est pour cette raison notamment que son choix se porte plus volontiers sur la princesse Sappho que sur le prince Eden pour succéder à l'empereur Sheshonq mourant.

 

Oued est blond, il a les cheveux courts, coiffés en brosse.

 

Commandeur Oued 

 

Les militaires sont minoritaires au sein du parlement de l'empire, séparé en deux factions : les blancs et les noirs (comme aux échecs!). Les blancs sont constitués des représentants des nobles et des savants et disposent des deux tiers des sièges, tandis que les noirs, constitués par les délégués des militaires ne représentent qu'un tiers de l'assemblée. Il en est ainsi depuis 100 000 ans, depuis la création de l'empire galactique par Etran, le Premier Empereur.

 

Les militaires sont donc dans l'opposition depuis les origines de l'empire galactique, ils espèrent cette fois-ci, en propulsant la princesse Sappho sur le trône, prendre à leur tour la direction des affaires.

 

La princesse Sappho et le commandeur Oued se connaissent depuis l'enfance. Ils s'estiment mutuellement, même si Oued est épris de Sappho alors que cette dernière préfère les femmes. Face aux savants et aux nobles qui présentent un front uni, ils n'ont pas d'autre choix que de s'allier pour conquérir le trône.

 

Il ne leur reste plus qu'à se débarasser du Prince Eden, le légitime héritier du trône.

 

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 21:45

 

         Le vaisseau fut arraisonné par les troupes impériales avant d’avoir pu pénétrer dans l’atmosphère de Gayanès. Une navette bondée d’Immortels s’en était approché et l’avait violemment abordé dans un choc d’acier froissé. Le capitaine Immortel entré en communication avec l’intrus apparut en trois dimensions dans la sphère holographique de contrôle.

         - Au nom de Sa Majesté, Sheshonq, Empereur de tout l’univers, veuillez décliner votre identité ainsi que le numéro de votre laissez-passer.

         La paranoïa s’était-elle emparée de l’Empereur ? La planète impériale était mieux protégée qu’une prison de haute sécurité. Le jeune homme aux commandes de l’appareil s’exécuta prudemment.

         - Je suis Wacé, le sparapet de la planète Phylis. Mon code d’identification est W236P561.

         - Identification correcte. Veuillez ouvrir les sas de votre appareil afin que nous procédions à une petite inspection.

         Wacé ne chercha pas à tergiverser et déverrouilla les portes latérales de son vaisseau qui avait été abordées par la navette impériale.

         Des Immortels en armure de combat, armés de lasers, se déversèrent dans tout l’appareil et en inspectèrent les moindres recoins. L’officier de surveillance prit un air condescendant en s’adressant à Wacé :

         - Je suis enchanté de vous accueillir sur Gayanès en dépit de ces circonstances désagréables, sparapet Wacé. Pourquoi ne vous êtes vous donc pas présenté dès votre approche ? Cela vous aurait évité tous ces désagréments inutiles.

         - Mon statut de noble me donne le libre accès à la planète impériale. Je vous ai prévenu de mon arrivée dès mon décollage de Phylis. Cela suffisait amplement.

         L’officier, imbu de son pouvoir, était volontairement arrogant.

         - Ces dispositions ne sont plus suffisantes désormais. Quiconque désire se poser sur la planète impériale doit se plier à tous les contrôles d’identité en vigueur et les vaisseaux doivent impérativement être fouillés.

         Un Immortel pénétra dans le poste de pilotage pour rendre compte de sa mission.

         - Les passeports des domestiques sont en règle. Nous n’avons découvert aucune substance illégale à bord.

         - Que cherchez-vous précisément ? S’emporta Wacé, indigné d’être traité comme un vulgaire criminel.

         - De la pélanine.

         Cette fois-ci s’en était trop.

         - Croyez-vous sérieusement qu’un sparapet de l’Empire se livrerait à un trafic de drogue ?

         Le capitaine jubilait.

         - Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons intercepté le sparapet d’Arsamès qui tentait d’introduire dans la Cité Interdite une quantité illégale de pélanine. Il a été immédiatement exécuté en guise d’exemple.

         Wacé tremblait. Le Commandeur Oued était vraisemblablement à l’origine de la dictature militaire qui régnait sur Gayanès. Tout ce manège n’était qu’un avant goût du sort qu’il réserverait à l’univers s’il devait un jour monter sur le trône aux côtés de la Princesse Sappho.

         La situation était critique. Inquiets de cette montée en puissance de l’armée, les nobles avaient dépêché Wacé sur Gayanès afin qu’il protège le Proèdre des agissements de Sappho tout en neutralisant le Commandeur des Immortels. Cette mission s’annonçait comme la plus difficile qu’il n’ait jamais eu à accomplir.

         Décidément il n’était pas aisé de jouer les espions. Tout particulièrement lorsque l’on était dévoré d’ambition comme Wacé et que l’on avait décidé de jouer double jeu. A force de vouloir manger à tous les râteliers, il avait fini par accepter une deuxième mission à accomplir sur Gayanès, dont il ignorait tout pour le moment, si ce n’est qu’elle était vraisemblablement encore plus délicate et plus dangereuse que la première.

         Comment allait-il se sortir du guêpier dans lequel il s’était fourré ? Pour le moment, il lui fallait déjà échapper aux soldats de l’Empereur. Compte tenu de la situation qui régnait sur Gayanès, il s’était bien douté que les immortels fouilleraient son navire de fond en comble.

         Aussi était-il fier d’avoir eu la présence d’esprit d’avaler les sachets de pélanine que ses amis lui avaient chargé de convoyer sur la planète impériale. Il avait introduit dans son rectum le reste des sachets qu’il n’avait pas pu ingurgiter. C’était la solution la moins risquée. La loi interdisant de porter atteinte au corps d’un noble de l’Empire, il était intouchable. Ses domestiques n’avaient sans doute pas eu la même chance que lui.

         - Plus aucun aéronef non officiel n’est autorisé à se poser au coeur de la Cité Interdite, expliqua l’officier. Vous devez atterrir sur le spaciodrome du Toledo. Suivez-nous, nous allons vous guider.

         Les Immortels regagnèrent leur navette et se détachèrent du vaisseau de Wacé. Ils pénétrèrent dans l’atmosphère de Gayanès à vive allure, le sparapet devant pousser les propulseurs de sa navette à pleine puissance pour ne pas être semé.

         Le Toledo, la forteresse des Immortels, abritait les soldats de l’Empereur et leurs familles. Ces guerriers étaient toujours au nombre de dix millions, ce qui leur avait valu le surnom d’Immortels. Dès que l’un des leurs mourait, il était immédiatement remplacé par une des jeunes recrues entraînées sur la planète Albanus, leur base arrière.

         Le Toledo était une véritable mégapole. Sa rigueur militaire propre à une caserne contrastait avec le luxe de ses palais qui servaient de résidences aux soldats choyés par le régime. Wacé craignait, une fois à terre, d’être de nouveau contrôlé par les militaires, mais il n’en fut rien. Des véhicules furent affrétés afin qu’il gagne par la route la Cité Interdite, située à une vingtaine de kilomètres de la forteresse Immortelle.

         La campagne traversée par la voiture de Wacé était parsemée d’une multitude de petits villages qui abritaient les domestiques travaillant au palais impérial. Ils étaient répandus tout autour de la Cité Interdite, qui représentait un vaste cercle de cinquante kilomètres de diamètre.

         La ville impériale était entourée d’une enceinte en grès rose, illuminée pendant toute la nuit. La voiture de Wacé, débarrassée de son escorte de domestiques qui avaient gagné leurs logements de fonction, passa sous la porte principale de la cité, une ouverture dépourvue de linteau, mais  entourée de deux gigantesques protonyx en marbre blanc, les animaux sacrés de la famille impériale. Un barrage d’Immortels contrôla de nouveau les papiers du sparapet.

         Cette dernière formalité accomplie, la voiture de Wacé avait enfin pu passer la porte, pénétrant ainsi dans la Cité des Nobles, la zone réservée aux patriciens qui y disposaient chacun d’une résidence. Au coeur de la Cité, une deuxième enceinte rose circulaire de dix kilomètres de diamètre délimitait le palais impérial, qui abritait les résidences des membres de la famille impériale ainsi que la salle du trône et le bâtiment du Grand Conseil.

         Les palais des nobles étaient disposés en cercle autour du palais impérial. Il y avait un édifice réservé pour chacun des gouverneurs planétaires siégeant au Grand Conseil. Le palais des sparapets de Phylis ressemblait à une grosse pyramide aux parois de verre. Des chênes et des massifs de fleurs avaient été plantés autour de l’édifice, faisant office de jardins.

         Une fois arrivé dans ses appartements, Wacé ne s’attarda pas à déballer ses bagages. Après avoir récupéré ses précieux sachets de pélanine, il entra directement en communication avec son principal contact dans la Cité Impériale. L’image d’un jeune homme ténébreux, aux cheveux bruns, courts et légèrement ondulés, s’afficha dans une sphère holographique projetée au milieu de la pièce.

         - Je ne vous espérais plus sparapet Wacé. Vous avez réussi à déjouer les différents contrôles des Immortels ?

         - Sans aucun problème.

         - Avez-vous la pélanine ?

         L’impatience de l’interlocuteur de Wacé trahissait une tension extrême. Ses traits d’éternel adolescent étaient tirés, ses yeux marron étaient cernés de noir. Il n’avait pas dû beaucoup dormir au cours de ces derniers jours.

         - Je vous l’ai apportée comme convenu.

         - Parfait. Je serai chez vous dans quelques minutes.

         La conversation fut subitement interrompue sur l’initiative de l’interlocuteur du sparapet. Wacé resta pensif pendant quelques secondes devant la sphère bleutée, vidée de toute image. Sa mission était si primordiale qu’il ne pouvait faire confiance à personne. Même ses meilleurs amis étaient prêts à le sacrifier si cela devait s’avérer nécessaire. Plus que jamais, il devait se montrer vigilant.

         Il décida de prendre connaissance de sa seconde mission en attendant l’arrivée imminente de son visiteur. Wacé sortit des pièces de sa poche. Elles étaient composées de deux matériaux différents afin de symboliser la Cité Interdite. Un petit cercle translucide au centre évoquait le palais impérial, tandis que le cercle extérieur en or représentait la Cité des Nobles.

         Wacé attrapa la plus grosse des pièces et, avec l’aide de son doigt, en fit sauter le centre diaphane. Il tenait désormais entre ses mains un disque miniature en cristal et en relief, sublime invention des ingénieurs de l’Apanama. Un message microscopique avait été gravé sur les inscriptions de la pièce de monnaie. Ce travail de précision était invisible à l’oeil nu, tandis que le lecteur de ce disque si particulier avait été intégré dans la montre du sparapet.

         Wacé introduisit le disque dans une petite fente pratiquée sur la bordure de la montre, mais il n’eut pas le temps de le visionner. Ses sphères holographiques de contrôle venaient de l’avertir qu’une voiture de luxe s’approchait de l’entrée du palais. Il reconnut immédiatement l’homme qui descendait du véhicule et lui ouvrit les portes en verre de son palais.

         Wacé descendit les escaliers pour accueillir son invité qui l’attendait déjà dans l’entrée au rez-de-chaussée.

         - Vous avez été très rapide, Prince Eden.

         Le jeune homme rejeta en arrière le capuchon qui masquait habilement son visage dans une discrète zone d’ombre. Il dégrafa la pèlerine qu’il portait et la posa sur un siège.

         - Je préfère que personne ne découvre notre entrevue, expliqua-t-il.

         D’un regard furtif, il parcourut le salon d’accueil dans son intégralité.

         - Les domestiques ne vont-ils pas nous trahir ?

         - Je leur ai accordé quartier libre jusqu’au lever du jour. Nous disposons de deux bonnes heures avant qu’ils n’arrivent. Mais je vous en prie, Prince Eden, asseyez-vous.

         Les deux hommes prirent place sur des canapés. Le Proèdre ne semblait être intéressé que par la drogue qui avait été introduite sur Gayanès.

         - Je veux voir la pélanine.

         Wacé ouvrit le petit tiroir d’un guéridon. Il en sortit des capsules transparentes remplies d’une poudre violacée.

         - Il y en a mille doses.

         Le Proèdre n’avait encore jamais eu l’occasion de voir cette substance illégale qui était introuvable dans la Cité Interdite. Sa curiosité était exacerbée.

         - Les effets qu’on lui prête sont-ils si terribles ?

         - La pélanine est fabriquée à partir d’une plante hallucinogène. Consommée en petites doses, elle provoque un état de bien-être intense et décuple la force et les capacités intellectuelles. L’accoutumance est très rapide et nécessite l’absorption de doses de plus en plus importantes. Les personnes qui se droguent à la pélanine meurent toutes d’une surdose.

         Le Proèdre ouvrit maladroitement une capsule. L’enveloppe se déchira et la poudre violacée se répandit sur le guéridon.

         Cette maladresse agaça Wacé.

         - Faites un peu attention. Un seul de ces sachets coûte une petite fortune et j’ai risqué ma vie pour vous les apporter.

         La pélanine pouvait être administrée par n’importe quel moyen. Par ingestion, par inhalation ou encore par injection. Le Proèdre humecta son index avec sa langue, le trempa dans la poudre qui traînait dans le fond de la capsule et le porta à sa bouche. Wacé bloqua le bras d’Eden en vol.

         - Vous me tordez le bas, geignit-il. Je vous ordonne de me lâcher.

         - Cette poudre est hyper concentrée en pélanine, elle doit être diluée avant d’être consommée. La dose que vous comptiez ingérer vous aurait été fatale.

         Le Proèdre s’affala dans son fauteuil. Il lança un regard noir au sparapet.

         - La prochaine fois, je ferai attention.

         Wacé ne se laissa pas intimider par l’expression volontairement teigneuse du Proèdre.

         - Il n’y aura pas de prochaine fois. Je vous conseille de ne jamais toucher à cette drogue.

         Le Proèdre se redressa sur son siège, le visage empourpré. Son front se plissait en petites vagues, ses yeux dilatés étaient prêts à sortir de leurs orbites pour bondir sur Wacé.

         - Comment pouvez-vous vous permettre de me donner des ordres ? Vous n’êtes pas mon père.

         Wacé essaya de temporiser.

         - Ce n’était pas un ordre, mais un simple conseil.

         - Je suis assez grand pour savoir ce qui est ou n’est pas bon pour moi.

         Cet incident était justement la preuve du contraire. Le Proèdre n’avait pas assez de maturité pour s’assumer. En cas de crise grave, il s’avérerait dangereux, non seulement pour lui-même, mais aussi pour son entourage. L’exercice du pouvoir requérait un minimum de sérieux qu’il ne possédait certainement pas.

         Wacé aurait volontiers giflé cet adolescent capricieux, mais il n’était effectivement pas son père. Il se demandait néanmoins pour quelle raison l’Empereur avait pu laisser tant de liberté à son fils unique, lui passant systématiquement tous ses caprices.

         L’avis était général. Cet enfant futile n’avait pas les qualités requises pour gouverner. Mais il était l’héritier du trône et mis à part lui, seule Sappho pouvait prétendre à la Couronne. Les nobles  de l’Empire préféraient mille fois Eden à sa diablesse de tante. Pour cette raison, Wacé n’avait pas le choix, le Proèdre était incontournable.

         - Nos amis vous ont-ils dit ce que vous devez faire de cette drogue ?

         - Je dois la vendre dans la Cité Interdite, notamment dans l’entourage du Commandeur.

         - Oued est notre principal ennemi. Sans son appui, Sappho sera impuissante. Evitez de trop répandre la pélanine. Ciblez les Immortels.

         Eden réfléchit longuement. Il n’était plus aussi assuré de vouloir participer à ce complot contre le chef des Immortels.

         - Je prends tous les risques. Vendre cette drogue ne sera pas chose aisée.

         - Vous êtes mieux placé que moi pour le faire. Vous connaissez des fils d’Immortels, voire même de jeunes soldats. Prenez des fils de nobles comme intermédiaires si vous préférez, ce sera plus sûr pour vous.

         Malgré les arguments de Wacé, le Proèdre restait rétif.

         - Si Oued me surprend en train de vendre de la drogue, il profitera de cette occasion pour m’abattre. Il ne faut pas perdre de vue que les probabilités de réussite de votre plan sont assez aléatoires.

         - La réussite est certaine. Vous avez peur ? Vous ne vous sentez pas à la hauteur de cette mission ? Dans ce cas n’en parlons plus. Je me débrouillerai sans vous.

         Wacé avait trouvé les mots justes. Le Proèdre était prêt à tout pour démontrer au sparapet qu’il n’était pas un couard.

         - J’en ai assez que l’on me prenne pour un incapable. Je vais vous prouver que je suis digne de confiance pour accomplir cette mission. Dans quelques jours, votre drogue sera entièrement vendue.

         - Je n’en attendais pas moins de vous.

         Les prédictions pessimistes des voyantes avaient profondément inquiété Eden. Plus personne ne croyait en lui, d’aucuns s’accordaient à dire qu’il ne régnerait jamais. Il était prêt à s’allier avec le diable pour s’emparer d’un trône qui lui revenait de droit. Au moins espérait-il qu’une fois empereur, les gens le reconnaîtraient enfin à sa juste valeur.

         Le bleu nuit du ciel s’estompait progressivement, à l’extérieur, derrière les vitres du palais. Il ferait bientôt complètement jour. Le Proèdre se leva et enfila sa pèlerine. Il tira le capuchon pour couvrir sa tête.

         - Je voudrais rentrer au palais avant le lever du jour. Je pense que nous aurons bientôt l’occasion de nous revoir à la Cour.

         - Certainement, mais il vaudra mieux garder nos distances. Je ne vous contacterai que lorsque nous serons seuls. Ce sera plus prudent pour nous deux.

         Le Proèdre remonta dans sa voiture et regagna le palais impérial. Wacé avait toujours le disque de cristal inséré à l’intérieur de sa montre. Il n’avait pas besoin de remonter à l’étage pour le visionner, un simple mur blanc était suffisant. Il profita des dernières minutes d’obscurité pour commencer la projection.

         La Doyenne Syris apparut en gros plan sur le mur blanc de la pièce. L’inquiétude perçait dans la voix roque de la vieille femme.

         - L’univers est en péril, Wacé. L’Empereur a eu un deuxième fils, fruit d’une union secrète avec la reine des Amazones. Adonis est le fils caché de Sa Majesté, son pendentif représentant un protonyx me l’a révélé. J’ai envoyé mes tueurs le traquer sur la Planète-Mère, mais ils ont appris qu’il venait tout juste de partir pour Gayanès. Tu es la seule personne de confiance à avoir accès à la Cité Interdite du fait de ton statut de diplomate. Je sais qu’Adonis était ton ami, mais n’oublie pas que l’avenir de l’univers est en jeu. Tu dois le tuer au plus vite. Ta récompense sera proportionnelle au service rendu.

         Le disque de cristal s’arrêta de tourner dans son lecteur. Sa petite taille était fort pratique mais elle n’offrait pas la possibilité de stocker beaucoup d’informations.

         Wacé était bouleversé par les révélations de la Doyenne. Son ami lui avait souvent montré ce pendentif qu’il prétendait détenir de ses parents. Wacé ne l’avait jamais pris au sérieux car il lui avait semblé inimaginable que les parents d’Adonis puissent avoir en leur possession un bijou aux armes de la Maison Impériale.

         Syris avait néanmoins commis une grave erreur de jugement. Wacé était incapable d’accomplir cette mission. Adonis était son meilleur ami. En le tuant, il tuerait une partie de lui-même et ternirait par la même occasion les meilleurs souvenirs des cinq dernières années de son existence.

         Cependant, il devait reconnaître qu’il y avait bel et bien un proèdre de trop. Personne dans l’Empire n’ignorait les vieilles légendes qui mettaient en garde tous les descendants d’Etran. Un antique adage prévenait chaque nouveau souverain : Si d’un d’entre vous devaient naître deux fils, le Mensékhar serait inévitable.

         Peut-être était-il même déjà trop tard ? Sheshonq avait enfreint la loi d’Etran, le lointain ancêtre de tous ces hémocrates qui tiraient pouvoir et puissance de leur sang sacré depuis des millénaires.

Malgré tout, la solution radicale de Syris restait la dernière chance de l’humanité. Il fallait la tenter coûte que coûte. Cependant, Wacé entendait bien prendre quelques libertés avec le projet de la Doyenne. Il espérait ainsi faire d’une pierre deux coups en écartant le spectre du Mensékhar tout en préservant l’univers d’un Empereur indolent.

Wacé en était persuadé en son for intérieur. Adonis ferait un bien meilleur monarque qu’Eden.

         L’un des deux Proèdres allait mourir, mais ce ne serait pas celui qu’avait désigné Syris. La Doyenne refuserait probablement de le récompenser en raison de sa désobéissance, mais Wacé s’en moquait éperdument. L’argent ne lui importait guère. A lui seul, il venait de décider du sort de l’Empire et il lui semblait qu’il n’avait pas fait le mauvais choix.

 

Chapitre 6                                                               Chapitre 8 

 

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 15:47

 

         La Princesse Sappho se tenait debout sur la terrasse supérieure de son palais et regardait la scène sans réagir. Son neveu et cette traîtresse d’Elia couraient à travers les jardins main dans la main, mais elle avait renoncé à les intercepter avant qu’ils ne franchissent les limites de sa demeure.

         La Princesse Sappho avait perçu la teneur de la conversation entre Eden et Elia à travers les murs de son palais. Elle ressentait et entendait en effet tout ce qui se passait dans cette merveilleuse demeure vivante qui était issue de sa propre chair.

         Elia, par sa franchise à l’égard du Proèdre, avait indirectement répondu à la question qui tourmentait la Princesse depuis des années. La jeune femme avait enfin apporté la preuve que les chiromanciennes de Sappho ne lui mentaient pas lorsqu’elles lui promettaient la couronne. Le rêve le plus cher de l’ambitieuse Princesse allait enfin devenir réalité.

         Quant aux interrogations d’Eden concernant son devenir, Sappho pouvait y répondre sans le moindre doute. Irz’gune l’avait contactée pas plus tard que la veille pour lui annoncer l’arrivée imminente du jeune Adonis; la navette en provenance de la Planète-Mère était attendue pour les premières heures du jour. Avec ou sans l’aide d’Elia, les jours du Proèdre étaient désormais comptés.

         Sappho ne regrettait pas d’avoir dû se livrer à cette petite séance d’espionnage de sa dernière recrue. Elle n’avait jamais eu confiance en cette Elia et les récents événements avaient fini par lui donner raison.

         Cette petite garce avait trahi la future impératrice de l’univers pour s’enticher d’un adolescent incapable à l’avenir pour le moins incertain. Une telle naïveté ne pouvait s’expliquer que par l’amour.

         L’amour, encore lui et toujours. Sappho ne l’avait jamais connu et s’en méfiait comme de la peste. Les personnes amoureuses étaient grotesques, irrationnelles et influençables. La Princesse ne l’avait jamais caché. Elle n’aimait qu’une seule personne : elle-même. Au moins était-elle sûre de ne jamais être déçue ni même trahie. D’ailleurs, comment aurait-elle pu résister à ses propres charmes ? N’était-elle pas la femme la plus intelligente de l’univers ? Du moins, en était-elle personnellement convaincue.

         Sappho quitta la terrasse supérieure de son palais et regagna la grande galerie d’un pas guilleret. Cette nuit de triple pleine lune l’excitait; il lui tardait de retrouver la charmante compagnie de ses Mignonnes qui avait été perturbée par l’intrusion du Proèdre.

         - Me revoici mes Mignonnes ! S’exclama-t-elle en arrivant devant la porte.

         La grille en fer forgé grinça, brisant un silence inhabituel. La grande galerie était désertée par les courtisanes de la Princesse. Elles étaient parties précipitamment, abandonnant leurs verres à moitié pleins, leurs voiles de danse et certains de leurs plus beaux bijoux.

         Un homme à la stature imposante se tenait debout au milieu de ce désordre très féminin. Sappho le reconnut immédiatement à ses cheveux blonds coiffés en brosse et s’avança vers lui.

         - Je ne t’attendais plus, Commandeur. Qu’as-tu fait de mes douces amies ?

         - Je les ai congédiées car je désirais te voir seul à seule. Je suis venu pour m’entretenir du sort de l’Empire en général et de ton avenir en particulier, très chère Sappho.

         La Princesse n’osait plus y croire. Alors qu’elle attendait depuis si longtemps son ralliement à sa cause, Oued, le Commandeur tout puissant des Immortels, venait enfin de répondre à son invitation. Comment pouvait bien s’expliquer un revirement aussi inattendu ?

         - As-tu réfléchi à mon offre ?

         - L’Empire se meurt, Sappho, s’alarma-t-il. Je reviens d’une inspection aux quatre coins de l’univers. Les nouvelles sont inquiétantes. Les sparapets, ces nobles indolents, accroissent leur autonomie et se livrent à des guerres privées fratricides. L’économie est au bord de la banqueroute. Il faut que l’armée restaure l’ordre.

         Le Commandeur n’ignorait pas que Sappho l’entendait bien ainsi. Il s’était rallié à l’opinion générale qui considérait que cette femme à poigne était le seul véritable homme de sa famille.

         La Princesse qui savait que la conversation pouvait durer des heures prit ses aises. Elle s’allongea sur son gros coussin, sans même proposer un fauteuil à son hôte.

         - Que pense l’Empereur de cette situation intolérable ?

         Bien qu’il n’y fût pas invité, Oued s’installa dans un canapé situé à la droite de la Princesse.

         - L’Empereur règne mais ne gouverne pas. Complètement déconnecté des réalités du monde, il ne quitte guère la Cité Interdite et s’entoure de flatteurs. Il sombre progressivement dans un délire paranoïaque de plus en plus aigu. Son fils, quant à lui, est encore plus indolent.

         - Mes voyantes sont catégoriques, Eden ne régnera pas.

         Oued était sceptique. Il n’était pas homme à prêter foi aux prédictions hasardeuses de quelques chiromanciennes avides des fortunes fabuleuses que leur offrait Sappho.

         - L’Empereur n’y semble pas disposé. Il m’a donné l’ordre de me tenir prêt à enlever son fils.

         Sappho ne put cacher son étonnement. Cette nouvelle la troubla profondément.

         - Quelles peuvent bien être les intentions de mon frère ? Il ne souhaite probablement pas enlever son fils, son unique héritier, pour me permettre de lui succéder. Cela ne lui ressemblerait guère.

         Oued n’était pas disposé à délivrer à la Princesse une information aussi capitale sans la moindre contrepartie. Sa voix se fit légèrement impérieuse.

         - Pour le savoir, tu dois d’abord en payer le prix.

         Sappho ne désirait pas tergiverser.

         - Que veux-tu ?

         - Un pacte en bonne et due forme. Je soutiens tes prétentions à la couronne, mais de ton côté tu te plies à deux conditions.

         - Lesquelles ?

         - Tu m’épouses et tu me donnes un enfant.

         Ces deux conditions étaient inacceptables. Sappho ne pouvait pas supporter la présence des hommes. L’anatomie masculine la répugnait, elle fuyait le moindre contact corporel avec eux ne serait-ce qu’une simple poignée de mains. Les hommes la dégoûtaient profondément avec leur sexe monstrueux, leur système pileux surdéveloppé et leurs muscles disgracieux.

         - C’est hors de question, s’écria-t-elle.

         - Ce ne serait qu’un mariage blanc et l’insémination se réaliserait par des procédés artificiels. Mon objectif est de préserver ta dynastie. Si elle devait s’éteindre avec toi, l’univers serait condamné à disparaître.

         - Le sort de l’univers m’importe peu. Après moi le déluge.

         - Si c’est ton dernier mot, alors je n’ai plus qu’à me retirer.

         Oued se dirigea d’un pas ferme et décidé vers la porte. Sappho usa de son pouvoir mental sur sa maison pour refermer à distance la grille en fer forgé, barrant ainsi le passage au Commandeur des Immortels.

         Avoir un enfant à quarante-trois ans ne l’enthousiasmait guère surtout si c’était pour avoir un fils, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Ses chiromanciennes lui avaient prédit qu’elle devrait nécessairement s’allier avec Oued pour prendre le pouvoir. Elle accepta finalement les exigences du Commandeur sans la moindre réserve.

         - Je suis prête à t’épouser et à te donner un enfant.

         Oued venait de marquer un point très important et s’en félicitait intérieurement.

         - Si je te demande un tel sacrifice c’est parce que nous n’allons pas avoir d’autre choix que de nous débarrasser d’Eden. Les savants ont mis au point une invention permettant de transférer les données du cerveau d’un corps vers un autre corps. Ton frère veut s’emparer du corps de son fils pour continuer à régner.

         Sappho avait déjà entendu des rumeurs à ce sujet.

         - Mon frère a demandé depuis longtemps aux savants d’assurer la survie de son âme. J’ignorais que ce projet était aussi avancé.

         - Cela fait seulement trois jours que l’Empereur m’a prévenu de ses intentions. Il est de plus en plus malade, cela le rend imprévisible. Je vais tout faire pour retarder l’enlèvement du Proèdre, mais nous devons nous en débarrasser au plus tôt, avant que nos ennemis ne s’emparent de son corps.

         Les savants étaient influents dans l’Empire et beaucoup trop intrigants. Sappho était résolue à mettre un terme à leur puissance dès son accession au trône. Oued, elle le savait, partageait son point de vue.

         - Le Proèdre est en sursis, assura la Princesse. Les sages de la Planète-Mère me l’ont garanti.

         Le Commandeur, à l’inverse de Sappho, n’était pas plus convaincu par les visions des sages de la Planète-Mère que par les prédictions des chiromanciennes de la Princesse.

         Il préférait néanmoins laisser agir Sappho. Le meurtre d’un Proèdre, affaire non dénuée de conséquences et particulièrement risquée, n’était pas chose aisée. Moins il prendrait de responsabilités dans cette affaire, mieux il s’en porterait.

         - Le Proèdre est très bien protégé, prévint-il. Depuis que l’Empereur espère retrouver une seconde jeunesse grâce à son fils, il lui pardonne absolument tous ses égarements. Pour son dix-septième anniversaire, Eden avait organisé un safari sur Iadès. Ce faux pas aurait pu le décrédibiliser une bonne fois pour toute, malheureusement l’Empereur m’a donné des instructions pour étouffer cette déplorable affaire.

         - C’est une information capitale pour nous, jubila Sappho. Les protonyx sont sacrés, Eden pourrait perdre ses droits au trône.

         - L’Empereur a bien veillé à faire disparaître la moindre preuve. Nous n’avons plus aucune chance de prouver quoi que ce soit.

         - Ce n’est pas grave, fit la Princesse. J’ai déjà un plan infaillible pour me débarrasser une bonne fois pour toute d’Eden. Mon plan est bien rôdé. Grâce à une nouvelle recrue sortie des plus hautes écoles de l’Empire, je vais faire d’une pierre deux coups. Je vais nous débarrasser du Proèdre tout en renforçant l’influence des Immortels au sein du Grand Conseil.

         - Tu es très imaginative, s’enthousiasma Oued.

         - Plus que tu ne le crois.

         Sappho tendit les bras avec nonchalance afin que le Commandeur l’aide à se relever de son coussin. Il la tira à lui.

         - Nous sommes faits pour nous entendre, chère Sappho.

         La princesse se libéra de son emprise.

         - Notre alliance est celle de la force et de l’intelligence, reconnut-elle. Nous ne pouvons pas échouer.

         Le Commandeur prit finalement congé de la Princesse :

         - Je dois regagner le Toledo, l’Empereur doit faire une inspection générale des Immortels dans la journée.

         Le jour commençait à poindre, derrière les rideaux des fenêtres, au fond de la pièce. La navette de l’envoyé des sages n’allait pas tarder à se poser sur Gayanès. Sappho souhaitait accueillir personnellement ce jeune prodige à son arrivée.

         - J’ai fort à faire également, Commandeur. Aussi vais-je me retirer dans mes appartements.

         Le Commandeur des Immortels baisa délicatement la main que lui tendait la Princesse, puis quitta la pièce après avoir fait un demi-tour sur lui-même très militaire.

         Dès le départ d’Oued, Sappho avait rassemblé toutes ses compagnes dans le grand hall du palais avant d’aller monter se changer dans sa chambre. Devant son miroir de plain-pied, elle laissa glisser sa longue cape transparente. Le tissu descendit tout le long de son corps en épousant les courbures harmonieuses de ses seins et de ses hanches. Elle ôta ensuite l’imposante perruque blanche sertie de perles pour découvrir une chevelure auburn abondante.

         Sappho ne cessait pas d’admirer ce corps dont elle prenait tant de soin. Elle appliqua délicatement quelques gouttes d’huile de coco sur les parties où le tégument se desséchait un peu. La peau qu’elle caressait nonchalamment était extrêmement douce au contact de ses mains.

         Afin de célébrer cette magnifique journée, elle avait opté pour le bleu, la couleur du pouvoir depuis des temps immémoriaux. D’un coup de pinceau, elle appliqua un peu de bleu clair sur ses paupières et rehaussa ses fines lèvres d’un bel indigo à l’aide d’un stick. Elle revêtit une robe de soie d'un bleu azuré, maintenue à la taille par une ceinture en or.

         Elle ne se reconnaissait pas dans l’image reflétée par le miroir. Son apparence très soignée et sa tenue classique lui donnaient des airs de petite fille sage. C’est qu’elle ne souhaitait pas effaroucher le jeune agneau que lui envoyaient les sages de la Planète-Mère. Du moins pas pour l’instant.

         Sappho passa un diadème serti d’or et de saphirs par-dessus ses abondants cheveux aux reflets cuivrés.

         Elle descendit l’escalier du hall sous les yeux éblouis de ses courtisanes.

         - Mes amies, nous pouvons y aller.

         Le spaciodrome privé du palais impérial était situé de l’autre côté de la Cité Interdite, à proximité du palais de l’Empereur. Un étrange défilé traversa les jardins au milieu des ifs centenaires et des parterres de fleurs. Sappho, en tête, marchait d’un pas alerte, suivie par ses compagnes, vêtues uniquement de voiles bleus, rouges et jaunes transparents, les pieds nus, leurs cheveux déliés et agrémentés de quelques fleurs sauvages. Certaines courtisanes entièrement nues et maquillées de la tête aux pieds, portaient d’exubérantes perruques aux couleurs fantasques.

         La piste d’atterrissage entourée d’une centaine de palmiers dattiers était déjà illuminée par les premiers rayons de soleil. Le comité d’accueil s’installa sur une pelouse en bordure de piste, au pied d’un palmier dattier.

         Des jeunes filles avaient apporté des paniers de fruits et des gâteaux. Elles déroulèrent des nappes et préparèrent le petit déjeuner.

         Elles mangeaient de bon coeur lorsqu’un aéronef se posa en douceur sur la piste du spaciodrome. Un adolescent aux yeux et aux cheveux d’or se présenta timidement en haut de la passerelle. Il ne ressemblait pas du tout à ce que Sappho avait pu imaginer.

         La Princesse fut émue par tant de grâce. Elle trouva le jeune homme fort beau.

 

Chapitre 5                                                              Chapitre 7   

 

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 18:19

 

J'ai lu 1984 de George Orwell à la fin des années 80, en 1989 plus précisément.

 

Le hasard de la date n'est pas anodin, puisque le livre est un plaidoyer contre le totalitarisme et que 1989 a vu la chute de la plupart des régimes communistes héritiers du stalinisme.

 

1984 Georges Orwell

 

Le roman a été écrit en 1948, et se déroule en 1984 : 84 est l'inverse de 48, d'où le titre (en 1948, l'année 1984 évoquait un futur assez lointain).

 

1984 est un classique de la science-fiction que j'ai lu un peu avant de lire Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley. De ce fait, j'ai tendance à associer à à comparer les deux ouvrages, d'autant plus que leurs trames réciproques traitent des mêmes thèmes bien que de manière très différente :

- le récit commence après une guerre mondiale

- les sociétés sont hyper totalitaires : elles ne contrôlent pas que la vie politique, mais également les moindres détails de la vie privée (il est même interdit d'aimer)

- il n'y a aucune issue en dehors de ces systèmes totalitaires, toute rebellion ou même la moindre contestation est écrasée.

 

Des deux romans, j'ai préféré Le meilleur des mondes.

 

En 1989, j'avais trouvé que 1984 "datait" un peu car les régimes totalitaires dont s'était inspiré le roman s'étaient tous écroulés. Le nazisme avait été vaincu dans l'apocalyse de la Seconde Guerre Mondiale et les régimes communistes s'effondraient les uns après les autres à la suite du mur de Berlin. Le spectre du totalitarisme version vingtième siècle s'éloignait définitivement.

 

Le totalitarisme du Meilleur des mondes, me semblait (et me semble encore) plus d'actualité par rapport à notre société contemporaine. J'expliquerai pourquoi dans un prochain article à propos de ce second ouvrage.

 

1984 n'en reste pas moins un livre de référence qui fait froid dans le dos. Le contrôle de la société par "Big Brother" est terrifiant. Non seulement la sphère publique est entièrement contrôlée, mais encore il ne reste plus aucun espace propice à la moindre intimité. Contrôle minutieux des pensées, négation de l'amour et de la sensualité par l'ensemble de la société, délation au sein de la famille, torture physique et morale, lavage de cerveau, destruction de la langue par la réduction continuelle du nombre de mots, parti unique, trucage de l'histoire, propagande, télésurveillance. Les hommes sont pires que des robots : ils n'ont plus la moindre humanité.

 

La vision de la société totalitaire de 1984 reste néanmoins un peu naïve et parfois caricaturale. 

 

Je ne vais pas dévoiler l'intrigue de 1984, car je pense qu'il vaut mieux lire un livre pour se faire une opinion et en saisir ainsi la quintessence.

 

Que l'on ait aimé ou non un ouvrage, il en ressort toujours quelque chose de sa lecture. Chacun y trouve sa vérité... 1984 ne peut pas laisser indifférent...

 

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 17:42

 

L'université galactique située sur la planète Okara est traditionnellement dirigée par un doyen.

 

Exceptionnellement, et ce pour la première fois de toute son histoire, l'université de l'empire est dirigée par une femme nommée Syris.

 

Syris

 

La doyenne doit sa promotion à son ambition démesurée et à l'appui de son père, l'ancien doyen, à qui elle a succédé à la tête de l'université. Normalement, aucune femme n'est autorisée à enseigner ni même à étudier. Mais, Syris a obtenu des dérogations.

 

Antipathique, vieille et acariâtre, elle a été surnommée "la sorcière" par les étudiants qui la détestent. Elle sait qu'elle arrive au terme de sa vie, car elle a déjà atteint l'âge canonique de 123 ans...

 

Syris limite le moindre de ses déplacements : pour alléger le poids de son corps qu'elle peine difficilement à mouvoir, elle a créé une bulle en verre qui produit une atmosphère en apesanteur. Elle flotte dans cette bulle aux parois transparentes, ce qui lui permet de se déplacer sans effort.

 

Sa dernière ambition, son unique raison d'être est de vivre éternellement. Pour parvenir à ses fins, elle a mobilisé les plus grands savants de l'université dans le projet "Djed". Au début du roman, Syris voit son rêve se réaliser à travers une machine qui permet de se rematérialiser dans un autre corps.

 

Grâce au projet "Djed", ellle pourrait se rematérialiser dans n'importe quel corps pour retrouver une seconde jeunesse. Mais pour Syris, il y a un seul corps qui vaut le coup à intégrer : c'est celui du prince Eden, l'unique fils légitime de l'empereur Sheshonq. Elle espère faire ainsi d'une pierre deux coups : retrouver ses vingt ans et hériter du trône impérial tant convoité.

 

Parmi tous les êtres qui peuplent d'univers, Syris déteste plus que tout au monde la princesse Sappho. Car Sappho, l'unique soeur de l'empereur régnant, s'avère être la plus grande rivale de la doyenne. La princesse, dotée d'une ambition et d'une force de caractère hors du commun, est le plus grand obstacle entre Syris et le trône impérial. D'autant plus que Sappho dispose de l'appui des militaires, les ennemis jurés des savants.

 

Syris parviendra-t-elle à ses fins? Quoi qu'il en soit, elle n'en doute pas une seconde.

 

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